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Serpents, race de vipères! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne? Matthieu 23:33
TÉMOIGNAGE
DE FRANÇOISE LUTALA
Avant
de lire ce
témoignage,
nous vous encourageons à lire l'importante
mise
en garde que nous avons faite
concernant les témoignages.
Cette mise
en garde
intitulée
"Avertissement Témoignages" se trouve sur le site www.mcreveil.org.
Chers
frères et chers amis, nous voulons partager avec vous cet extrait du
témoignage
de Françoise Lutala, qui signa des pactes avec satan dès son enfance,
et qui en
souffrit terriblement pendant toute sa jeunesse, jusqu’au jour où le
Seigneur
Jésus-Christ eut pitié d'elle et la délivra des chaînes de satan. Ce
témoignage
confirme les enseignements sur "Le
Combat Spirituel" et "Le
Discernement" que nous
avons
déjà étudiés. Nous vous
exhortons à lire ce témoignage, ainsi que ces deux enseignements, si
vous ne
les avez pas encore lus. Ils sont d'une très grande richesse. Vous les
trouverez sur le site www.mcreveil.org.
1-
Début du
Témoignage
Bien-aimés
dans
le Seigneur Jésus-Christ et très chers
lecteurs, que le nom de mon Sauveur résonne en vous avec une grande
intensité,
du fait qu'Il vous accorde de lire ce document. S'Il a permis que vous
preniez
connaissance du message contenu dans mon témoignage, c'est, je
l'espère, pour
votre édification. Vous y trouverez le sujet de grandes exhortations.
Seul le
Seigneur Jésus-Christ a le pouvoir de délier et de sauver ceux qui sont
en
captivité dans les chaînes du diable. Car Il est le Tout-Puissant et Il
est
Amour. [...] Je m'appelle Lutala Kabe Françoise. Kabe signifie
"moitié" dans ma langue natale, car je suis en réalité jumelle. Je
suis née en 1954 au Rwanda d'un père pasteur à l'Église du Christ et
d'une mère
membre de la légion de Marie. Je suis originaire de la région de Kivu,
dans la
Zone de Shabunda. L'histoire que vous allez lire est le récit des
événements
tragiques que j'ai vécus. Sans l'intervention de Dieu, il y a longtemps
que je
serais morte.
2-
Sous l'emprise du fétichisme
Mes
parents
avaient souvent l'habitude de nous raconter
les histoires de notre village. Ils ne cessaient chaque fois de revenir
sur les
exploits d'une grand-mère sorcière, qui y vivait. Au lieu de me donner
la chair
de poule, ces histoires me captivaient. J'allais même jusqu'à prendre
des
informations supplémentaires auprès de mes amies sur les mœurs des
sorciers.
Mes amies me confièrent ce qu'elles croyaient être vrai sur la vie de
ces
derniers. ...
Compte
tenu de
mon jeune âge et de ce que m'avaient déjà
raconté mes parents, je n'arrêtais pas d'avaler toutes ces histoires. À
force
de trop y penser, j'en vins même à désirer devenir à mon tour une
sorcière. ...
Mais l'occasion ne me fut pas donnée de réaliser mon rêve, puisque,
dans mon
entourage, il n'y avait personne qui puisse être soupçonné de détenir
un tel
pouvoir. Ma joie fut grande lorsque, pendant les grandes vacances de
1961, mon
père nous amena en congé au village, afin de mieux connaître les autres
membres
de la famille. C'était pour moi une occasion de rencontrer ma
grand-mère.
Une
fois à
Shabunda, mon premier souci fut de rencontrer
ma grand-mère, qui était en fait la tante de mon père, malgré
l'interdiction de
mes parents. Elle était crainte et respectée dans tout le village à
cause de
ses pouvoirs occultes. Un jour, trompant la vigilance de mes parents,
j'allai
la trouver et je lui dis: "Grand-mère, pourquoi mes parents ne
t'aiment-ils pas? Pourquoi te critiquent-ils tant? Que leur as-tu fait
pour
qu'ils agissent ainsi envers toi?" "Je sais qu'ils ne m'aiment pas
parce que je suis une sorcière." Loin de m'effrayer, cette affirmation
me
procura une joie intense. "Enfin, me dis-je, je suis en présence d'une
vraie sorcière!" "Tu es sorcière? Alors montre-moi ton avion."
"Comment?" dit-elle, comme si elle ne m'avait pas comprise.
"Ensorcelle-moi!" "Je ne peux pas t'ensorceler. Il y a déjà une
autre personne dans la famille à qui je dois léguer mes pouvoirs."
"Ensorcelle-moi, au moins pour que je puisse voir les avions!"
"Tu ne sais pas de quoi tu parles! Sais-tu que ces avions dont tu
parles
ne volent que la nuit? Les sorciers ne passent pas leur temps à
s'amuser,
contrairement à ce que pensent la plupart des gens, ils sont contraints
de
faire ce qu'ils font, de peur de recevoir des châtiments sévères, qui
peuvent
aller jusqu'à la mort. Et puis, s'ils le faisaient par plaisir,
pourquoi
certains d'entre eux somnolent-ils tant pendant la journée?"
Bien
que vraies,
ces paroles n'altérèrent en rien mon
désir de devenir sorcière. D'ailleurs, le refus de ma grand-mère
éveilla ma
méfiance et me rappela ce que m'avait dit l'une de mes amies. Elle
m'avait mise
en garde, en me disant que les sorciers pouvaient être jaloux de voir
certains pouvoirs
transmis à quelqu'un. "Ils peuvent
aller jusqu'à décourager un nouvel adepte avant de l'ensorceler."
Pour
tenter de briser la résistance de ma grand-mère, je me mis à pleurer.
...
Agacée par mon vacarme, elle me dit: "Tu n'es qu'une petite fille. Tu
as
encore toute la vie devant toi. Il y a plusieurs choses que je peux te
donner,
mais je ne peux pas t'introduire dans la sorcellerie. Les lois de notre
famille
ne me permettent pas de le faire. Si tu étais au moins l'aînée, ou un
garçon,
cela aurait pu être possible. Mais, dans ta condition, je ne peux pas
t'ensorceler."
Je
me mis à
pleurnicher: "Ensorcelle-moi,
ensorcelle-moi! Touchée par cette mise en scène, la vieille céda en
murmurant:
"On ne donne à un enfant que ce qu'il demande ...!". Elle ajouta:
"Ce n'est pas la sorcellerie qui va te rendre heureuse! Mais va,
demande à
tes parents 50 francs, et rapporte-les-moi demain. Je te remettrai
quelque
chose, une puissance qui te sera d'une grande utilité. Tu n'auras plus
besoin
de travailler pour gagner ta vie. Tous tes désirs seront exaucés. Tu
n'auras
plus besoin de t'inquiéter pour te marier, car les hommes te courront
après..." Je ne comprenais rien de tout ce qu'elle me disait, mais je
m'exécutai. Le lendemain, je demandai 50 francs à ma mère. A cette
époque, 50
francs étaient une somme énorme. Mes parents consentirent à me la
remettre, à
condition que je leur dise ce que je comptais en faire. Il n'était pas
question
que je leur dévoile mon secret, de peur qu'ils n'aillent détruire tous
mes
projets auprès de ma grand-mère.
Pour
tout
embrouiller, je feignis d'être malade et je me
mis à pleurer. Chose étrange, à
partir du moment où je fis semblant d'être
malade, je devins réellement malade. Tout mon corps
fut agité d'une
forte fièvre. Les voisins, accourus pour la circonstance, conseillèrent
à mes
parents d'accepter la perte de 50 francs plutôt que celle de leur
enfant. Les jumeaux sont des êtres qui ont
des
facultés étranges, dit l'un d'eux.
"Dès leur enfance, ils peuvent soumettre à leur volonté une personne qui les aurait insultés, même
intérieurement. Il
suffit de leur donner un cadeau pour apaiser leur colère et remédier à
la
situation..." Un autre voisin ajouta: "Je
connais des jumeaux qui peuvent disparaître et réapparaître,
chaque fois que leurs parents les contredisent..." Convaincus
par les
voisins, mes parents prirent peur et me donnèrent les 50 francs. Je me
rendis à
mon rendez-vous non sans avoir fait semblant de jouer, pour tromper la
vigilance. Une fois chez ma grand-mère, je lui remis l'argent.
En
attendant mon
arrivée, elle avait déjà préparé un
poulet, dans une marmite qui se trouvait encore sur le feu. Elle
n'attendait
que mon arrivée pour y introduire deux feuilles de je ne sais quel
arbre, plus
les 50 francs que j'avais apportés. Lorsque le plat fut cuit, elle en
extrait
l'argent et me le rendit. Je ne vis aucune trace des deux feuilles. A
la
question de savoir ce qu'étaient devenues ces deux feuilles, elle me
répondit que
ce n'étaient pas des feuilles, et qu'il y avait à présent une puissance
en moi.
Cette puissance était entrée en moi pendant qu'elle préparait le plat.
"Qu'est-ce qu'une puissance et de quelle utilité me sera-t-elle? Elle
me
fit le même discours que précédemment: "N'importe qui pourra te donner
tout ce que tu lui demanderas. Tu n'auras pas besoin de chercher à te
marier.
Tu seras très célèbre... Tout cela se manifestera lorsque tu auras 12
ou 13
ans..." Elle me demanda de manger tout le poulet, ce que je fis. Dès
que
le repas fut terminé, je fus possédée.
De
retour à la
maison, je remis l'argent à ma mère. Mon
père lui dit alors: "Les voisins
avaient raison, ce n'était qu'un test qu'elle voulait nous faire
passer..." [...] Un
sorcier ne peut pratiquer la sorcellerie
sans en être conscient. Tout sorcier sait qu'il détient ce pouvoir. Et
lorsqu'il rencontre un autre sorcier, tous deux se reconnaissent.
Un
vrai sorcier peut voir au travers d'une personne comme au travers d'une
bouteille d'eau transparente. C'est pourquoi les sorciers peuvent se
jouer de
leurs victimes. Ils peuvent les attaquer en leur envoyant des maladies
dans
n'importe quelle partie de leur corps. Bien-aimés en Christ et chers
lecteurs,
seul le Saint-Esprit peut nous protéger des attaques du diable faites
par le
moyen des sorciers. Si l'on n'a pas Christ, on est à la merci de tels
esprits.
Comme tout autre esprit malin, l'esprit de la sorcellerie peut être
chassé au
nom de Jésus-Christ, si
le possédé confesse sa sorcellerie et la
rejette de tout son cœur pour accepter Christ.
Les
vacances
terminées, nous quittâmes le village. Je
n'avais que huit ans, et rien d'anormal ne vint troubler le cours de ma
vie.
J'eus vite oublié ma visite à ma grand-mère et toutes les cérémonies
qui
s'étaient déroulées... Trois années plus tard, je remarquai que ma vie
n'était
plus la même. Je m'imposais parmi mes camarades. J'étais souvent la
première de
la classe. Tout le monde s'entendait parfaitement avec moi, même
lorsque
j'imposais ma volonté. Personne ne pouvait me refuser ce que je
souhaitais
obtenir. Quant aux garçons, ils me couraient après. Le diable peut
modifier la
forme extérieure de notre corps, dans le bon comme dans le mauvais
sens. Sous
l'influence des mauvais esprits, et la puberté agissant, la forme de
mon corps
changea sensiblement dans le sens positif. Je devins jolie. Déjà à cet
âge, des
prétendants se déclaraient pour moi. Il arrivait même que des personnes
respectables désirent que je devienne leur petite amie. D'autres
n'attendaient
que mon consentement pour divorcer de leurs épouses et se remarier avec
moi.
... Mes parents pouvaient enregistrer une dizaine de prétendants par
jour. Ils
se présentaient avec des cadeaux... Mon pauvre père leur disait: "Ma fille est encore trop jeune pour
que je puisse penser à la marier aussi tôt." Ma mère n'en
revenait
pas. Elle avait pourtant des grandes filles en âge de se marier. Elle
devenait
malade à force de voir tant de personnes s'acharner sur sa petite fille.
Il
nous est
avantageux d'être dans le Seigneur. Aucun de
ceux qui n'étaient pas des chrétiens véritables ne pouvait me résister.
J'obtenais tout ce que je voulais obtenir d'eux, sans exception. Les
esprits
qui étaient en moi envoûtaient les gens et annihilaient ainsi toute
leur
volonté et leur capacité de résistance. Je me rappelle bien le cas d'un
homme
déjà âgé, comptable dans une grande société, qui finit en prison. Voici
comment: un jour que je revenais de la classe, j'eus l'ingénieuse idée
de lui
rendre visite. Lorsqu'il me vit, il me demanda courtoisement: "Que me
vaut
l'honneur de votre visite, princesse?" "Je viens chercher un peu
d'argent de poche." "As-tu emmené quelque chose pour mettre l'argent,
un sac par exemple?" "Oui." Je vidai mon cartable de tout son
contenu, et je le lui tendis. Envoûté par mes démons, l'homme, sans se
rendre
compte de la gravité de son acte et de ses conséquences, remplit mon
sac de
billets de banque.
Cet
argent ne lui
appartenait même pas. Quelques jours
plus tard, je reçus une note de sa part, par l'intermédiaire d'un
collègue. Il
me disait qu'il était en prison, et me demandait un peu d'argent pour
corrompre
les juges et être remis en liberté sous caution. Ce comptable était
père de
famille. Je lui fis dire par le messager: "Comment
vous, qui avez des enfants de mon âge, n'avez-vous pas honte de faire
une chose
pareille à une fille qui a le même âge que celui de l'un de vos
enfants? Si
jamais cela se répète, j'en parlerai à mon père." L'affaire
se termina
là. C'était plus qu'une escroquerie. J'avais causé le malheur de cette
famille.
Que mon Dieu me pardonne! À partir du moment où j'avais remis l'argent
à ma
grand-mère et mangé son poulet, j'avais signé un pacte avec satan pour
recevoir
un pouvoir de domination. Deux esprits avaient alors été mis à ma
disposition.
Ces esprits attiraient à moi ceux qui n'étaient pas en Christ, et les
obligeaient à satisfaire tous mes caprices.
Compte
tenu du
ballet interminable des aspirants qui
défilaient à la maison pour me demander en mariage, mes parents
jugèrent
préférable de m'éloigner. Mon père décida de m'envoyer au couvent. ...
Je
commençai par être aspirante, jusqu'à la fin de l'école primaire. Au
cycle
d'orientation, j'entrai au noviciat. Après avoir été postulante pendant
quatre
ans, je fus consacrée religieuse. La vie au couvent n'avait rien de
particulier. Nous ne lisions pas la Bible. Nous récitions des prières
que nous
avions apprises par cœur. Nous chantions des cantiques contenus dans
des livres
de chants, et c'était tout. Loin de diminuer, mes pouvoirs s'accrurent
encore
au couvent. Mon "père
spirituel" se mit à m'apprendre comment avoir des relations
sexuelles
avec un homme.
"Ma
fille, me
dit-il, ne sois pas scandalisée par ce
qui pourra se passer entre toi et moi. Il est préférable que cela se
passe
ainsi entre nous, plutôt qu'avec des païens ou des laïcs. N'as-tu
jamais
entendu dire que le corps avait ses raisons que la raison ignore? Tu es
une
grande fille pour comprendre de quoi je parle." "J'ai fait un vœu de
chasteté devant Dieu et devant les hommes. Je ne voudrais trahir ce
serment
pour rien au monde. Je suis vierge. Qu'adviendrait-il si je devenais ta
femme?
Devrais-je aller me confesser?" "Tu n'auras pas besoin d'aller te
confesser. Ce n'est pas un péché, mais bien la satisfaction d'un besoin
d'ordre
naturel. C'est Dieu Lui-même qui a créé ce besoin. Puisque tu as
prononcé tes
vœux, tu ne peux plus te défouler en dehors du couvent. Comme je suis
là, c'est
à moi de te l'apprendre." "Et si je devenais enceinte?" "Tu
ne le seras jamais, car il faudra prendre des mesures..."
La
piété affichée
par certaines religieuses n'est qu'une
apparence extérieure que l'église catholique donne au monde extérieur.
J'ai vu
des sœurs tuer des enfants. J'ai vu des cadavres d'enfants enterrés.
Certaines
religieuses sont mêmes mortes du cancer à force de prendre des
contraceptifs.
Notre Créateur a institué les rapports sexuels entre un homme et une
femme
uniquement dans le cadre du mariage. En dehors de ce cadre, on commet
soit
l'adultère, soit l'infidélité, soit la fornication, quelle que soit la
qualité
du partenaire. Malgré tous les beaux discours du prêtre, je ne lui ai
pas cédé.
J'étais dégoûtée par l'âge avancé de ce prêtre. Je n'avais que seize
ans, alors
qu'il en avait bien cinquante. Pour que les couvents ne se vident pas
de leurs
pensionnaires, cette organisation humaine a instauré un système selon
lequel un
vieux père spirituel devait avoir pour partenaire une jeune sœur
religieuse, et
inversement. Car un jeune prêtre qui s'attacherait à une jeune
religieuse
risquerait, poussé par l'amour, d'abandonner les ordres pour aller
fonder une
famille ailleurs.
Pour
me
soustraire aux avances du vieux prêtre, je me
liai d'amitié avec un autre prêtre, jeune et beau. Enfreignant les
ordres, je
faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour qu'il devienne mon
intime. Nous
étions tellement liés que l'on nous voyait souvent ensemble partout. Le
vieux
prêtre dit au jeune de m'abandonner, mais il ne réussit pas à nous
séparer.
Aucun accord n'étant trouvé, les deux rivaux se mirent à se haïr. Cela
dura un
certain temps. Il se forma deux camps, ceux qui approuvaient le jeune
prêtre,
les révolutionnaires, et ceux qui tenaient mordicus au règlement, les
conservateurs. Un jour, il y eut entre les deux hommes un échange de
paroles
qui n'avaient rien du catéchisme, puis ils en vinrent aux mains. Une
forte
bagarre s'ensuivit, à tel point qu'il y eut des brûlures et des
blessures
graves. Les soutanes furent brûlées et déchirées de part et d'autre.
Cependant,
le jeune prêtre eut le dessus sur le vieux.
Le
lendemain, je
fus convoquée pour écouter le
compte-rendu du jugement prononcé contre moi. Bien que n'étant pas
impliquée au
premier degré dans la bagarre, je m'attendais néanmoins à certaines
réprimandes. Le vieux prêtre obtint gain de cause et demeura à son
poste. En
revanche, le jeune fut déplacé dans une lointaine campagne. N'étant pas
satisfaite de l'éloignement de mon jeune "amant," j'exigeai mon
renvoi du couvent, en guise de protestation. Ma demande fut rejetée,
pour des
raisons que je ne m'explique pas jusqu'à maintenant. Je leur fis alors
comprendre qu'il y allait de leur intérêt que je parte. "Je vois mal
mon
transfert dans un autre couvent. Je préfère quitter les ordres, sinon,
je me
ferai engrosser par le premier venu, et j'irai promener ma grossesse
partout,
en ayant bien soin de proclamer à qui voudra m'entendre d'où elle
provient.
Tout le monde saura que nous ne sommes pas différentes des femmes
libres..."
Ils
me laissèrent
partir, non sans avoir convoqué ma
mère, pour lui dire, en ma présence, ce qui suit: "Chère madame, nous
vous
remercions d'avoir bien voulu répondre à notre invitation. Nous
voulions vous
prévenir d'un grave danger qui guette votre fille, notre ancienne
collègue.
Après être restée si longtemps au milieu de nous, ce n'est que
maintenant
qu'elle nous a fait comprendre qu'elle n'a pas la vocation religieuse.
C'est
pourquoi notre congrégation a jugé bon de lui accorder sa liberté. En
votre
présence, nous aimerions toutefois qu'elle nous confirme par serment
qu'elle ne
dévoilera rien du motif de son renvoi. Qu'elle ne dise rien de ce
qu'elle a vu
et entendu au milieu de nous, de peur d'encourir une malédiction
éternelle."
"Ma
sœur,
qu'a-t-elle donc fait de si grave pour
mériter une telle sévérité de votre part?" "Madame, ce qu'elle a fait
n'est pas digne d'être raconté ici. Il y va de notre intérêt à tous que
je
garde le silence. Dans moins d'une semaine, votre fille pourra vous
rejoindre
chez vous à la maison." Je fus enfin autorisée à quitter le couvent,
après
qu'on a piétiné mon voile et mes autres biens, en signe de malédiction
pour le
cas où je dénoncerais le secret de la cause de mon renvoi. J'y étais
restée six
ans.
La
réadaptation à
ma nouvelle vie fut pénible, après une
aussi longue période à ne rien faire de positif au couvent. Grâce à mon
diplôme, j'obtins une place d'institutrice dans une école de la place.
Je
poursuivis également des études universitaires. Au cours de cette
période, je
fis la connaissance d'un jeune étudiant de l'Université de Lubumbashi
prénommé
Jean (ce n'est pas son vrai prénom). Plus tard, je me mariai avec Jean.
Les
premières années après mon mariage furent heureuses. Ses études
achevées, Jean
obtint le poste de directeur de l'école. Après trois maternités, nous
nous
retrouvâmes avec quatre enfants, dont des jumeaux, les derniers.
Les
deux démons
qui étaient en moi étaient toujours
actifs. Cependant mon éducation primait sur la divagation de mes
sentiments, et
j'aimais mon foyer. Cela dura jusqu'au moment où le temps qui avait été
alloué
à ces démons toucha à son terme. Ces esprits longtemps condamnés à me
servir
aspiraient au repos. Mais qui aurait pu les libérer, puisque ma
grand-mère, qui
les avait liés, était morte depuis longtemps? Seul Jésus-Christ aurait
pu me
libérer, mais je ne Le connaissais pas encore. ... Suite aux
perturbations et
aux problèmes que j'avais causés, avant comme après mon séjour au
couvent, il
fallait à présent que je paye. Puisque je servais satan, c'était lui
qui devait
me faire payer. Satan se fait payer en envoyant des maladies, des
tourments,
toutes sortes de problèmes, et même la mort physique. À partir de ce
moment,
j'ai commencé à éprouver beaucoup de difficultés dans ma vie. Au début,
je n'y
faisais pas attention, dans l'espoir qu'elles pourraient passer. Mais,
à la
longue, elles s'accumulèrent sur notre famille.
Voici
comment
tout commença. Un jour, je retournai à la
maison après les cours. À peine avais-je pris un peu de repos que
j'entendis
frapper à la porte. Après avoir ouvert, je découvris un homme revêtu de
l'habit
de fête d'un chef coutumier. Par politesse, je m'écartai de l'embrasure
de la
porte pour lui faire place, et je l'invitai à entrer. Il me dit: "Je ne peux entrer, madame, puisque j'y suis
déjà." "Pardon? Entre dans la maison, puisque tu te tiens
à la
porte." "Je suis en toi depuis si longtemps! Comment peux-tu
m'inviter à entrer? Je connais mieux que toi chaque recoin de cette
maison!" "Que dis-tu? N'es-tu pas fou? Tu demeures en moi et tu
connais cette maison mieux que moi? Qui es-tu?" "Je ne suis pas un
être ordinaire. Il y a bien longtemps que mon corps est mort et
enterré.
Pourtant j'habite en toi en attendant de pouvoir trouver mieux." Sur
ces
paroles, je compris que je me trouvais devant un revenant. Je perdis
connaissance et tombai à terre. Les voisins accoururent et m'amenèrent
à
l'hôpital. Quand je repris connaissance, les médecins avaient déjà
découvert en
moi toute une série de maladies. D'après eux, je souffrais de
surmenage, d'hypertension,
j'avais des problèmes cardiaques, etc. Je crus à toutes les conclusions
des
médecins.
Quand
ils me
dirent que j'étais cardiaque, je sentis
effectivement des douleurs au cœur. Quant au surmenage cela me surprit
beaucoup. Était-ce une manière d'interpréter les phénomènes qui
m'arrivaient?
Par exemple, quand je déposais une chose à un endroit précis, je la
trouvais
déplacée à un autre endroit. Quand je m'en plaignais, les gens
attribuaient
cela au surmenage. Je voyais des choses dans la rue. Je pouvais sentir
la
présence d'une personne invisible à mes côtés, et je pouvais même
ressentir des
frottements, mais je ne voyais personne... Je vis un jour un jeune homme portant un
serpent enroulé autour du cou en guise de chaînette, alors que tout le
monde ne
voyait qu'une chaînette en or. Je fus tournée en
ridicule lorsque je
voulus lui montrer ce que je voyais à son cou. Cette chaînette n'était
pas
ordinaire... Le jeune homme, par respect pour ma condition
d'ex-religieuse, se
retint de me gifler et attribua ma réaction au surmenage.
4.2-
"Je cherche Marie-Thérèse"
Un
jour, j'étais
en classe et j'écrivais au tableau noir.
J'avais tellement écrit que mon bras commençait à me faire mal. C'est
alors que
j'observai quelque chose d'étrange. Prenant naissance au niveau de mon
omoplate, un autre bras apparut de sorte que j'avais à présent deux
mains
droites. Apparemment, j'étais la seule à voir ce phénomène puisque les
élèves
restaient silencieux. J'eus peur, et je refusai d'accepter cette image
dans mon
cerveau. Je me dis que c'était une hallucination due au surmenage que
l'on
m'attribuait toujours. Je voulus continuer à écrire, mais la force me
manqua.
C'est alors que je vis des lettres apparaître d'elles-mêmes sur le
tableau
noir, pour former la phrase suivante: "Je cherche Marie-Thérèse." Je
perdis à nouveau connaissance et je tombai à terre. Les élèves se
mirent à rire
quand ils me virent, tomber, car ils n'avaient pas encore découvert ce
qui
m'avait fait tomber. Mais ils aperçurent à leur tour les lettres qui
continuaient à apparaître sur le tableau..., et ils entendirent une
voix qui
disait: "Je cherche Marie-Thérèse!"
Ils
n'eurent pas
le courage d'attendre la suite et se
sauvèrent, les uns par la porte, les autres par les fenêtres. Cela se
passait
au Lycée Tuendeleya, ex Lycée Marie-José. La "Marie-Thérèse" en
question était une jeune élève de ce Lycée qui était morte des suites
d'un
avortement manqué. Je n'étais plus religieuse, mais les gens
continuaient
souvent à m'appeler "sœur Françoise." Ainsi, lorsque ce scandale du
Lycée Marie-José fut connu, mes anciens maîtres, c'est-à-dire les
catholiques,
pour se couvrir et me discréditer, firent paraître un article dans un
journal
local. Cet article disait que l'ancienne religieuse "Sœur Françoise"
avait conseillé une jeune fille venue la consulter sur la conduite à
tenir en
cas de grossesse, et qu'elle lui avait suggéré d'avorter. La mère et le
bébé
avaient trouvé la mort au cours de l'opération. Le journal poursuivait
en
disant que l'esprit de cette fille était en train de tourmenter
l'ex-sœur
Françoise, d'où ses fréquentes crises. L'église catholique romaine est une grande
organisation humaine, mieux structurée que la Mafia ou la CIA, car elle
est
dirigée par lucifer lui-même. A cette même époque,
à Lubumbashi, il y
eut à plusieurs endroits des manifestations identiques aux miennes.
Je
me trouvai une
nouvelle fois enceinte. La conception
avait été normale. Au quatrième mois, j'allai passer une consultation
prénatale.
Les gynécologues découvrirent que ma grossesse était extra-utérine. Il
fallait
une opération. Normalement, une telle grossesse extra-utérine provoque
des
douleurs dès les premiers mois de son développement. Comme je ne
ressentais
aucune douleur, je refusai d'être opérée. Offusqués par la mise en
doute de
leur diagnostic, les médecins exigèrent une radiologie. L'examen
radiologique,
à l'hôpital de Lubumbashi, confirma la thèse, et je m'inclinai.
L'opération
dura six heures, l'on ne trouva aucune trace d'une quelconque
grossesse. Les
médecins trouvèrent en moi un terrain propice à leurs recherches. Ils
firent
tout pour comprendre le phénomène: prélèvement de tissus pour diverses
cultures, examens de toutes sortes... Pendant ce temps, mes jambes et
mes pieds
se mirent à gonfler démesurément.
On
me découvrait
des maladies au rythme d'une par
rendez-vous. On me prescrivait un traitement et, lorsque je revenais
pour un
contrôle, on me découvrait une ou deux autres maladies. Finalement on
me
découvrit un cancer. Mon ventre avait sensiblement augmenté de volume.
Je
vomissais un mélange nauséabond de sang en putréfaction de couleur
noire et de
salive. J'avais beaucoup maigri, et mon teint avait noirci. Toute
vigueur de ma
jeunesse avait disparu. Toute beauté avait fait place à une laideur
digne d'une
candidate à la tombe. Les médecins finirent par conclure que j'avais un
cancer
à l'estomac. Je subis une seconde opération. Mais, dans l'impossibilité
de
faire quoi que ce soit pour arrêter, la progression de la maladie ou
pour
l'éliminer, on me recousit sans rien me dire.
4.4-
Les conclusions des hommes
Aidée
par une
subvention de la Gécamines, ma famille se
cotisa pour m'envoyer à Paris pour y recevoir des soins médicaux, à
l'Hôpital
Sainte-Anne. J'y restai pendant une année complète. J'y subis toutes
sortes
d'examens médicaux. On me fit alors comprendre que je n'avais plus pour
longtemps à vivre. Malgré les conclusions données par d'éminentes
personnalités
scientifiques, l'idée que je devais passer par une mort imminente
n'effleura
même pas ma pensée. Il y avait en moi la conviction que je vivrais
longtemps.
Nous allâmes ensuite en Suisse, où je suivis pendant six mois des soins
médicaux ininterrompus. Puis je fus renvoyée au pays pour y mourir.
D'après les
médecins, il ne me restait plus que cinq mois de vie...
De
retour au
pays, je me suis résignée à mon sort. Je
n'espérais plus rien. Les gens venaient me voir pour me dire d'aller
trouver
des féticheurs. D'autres venaient avec une longue liste de plantes
médicinales.
Mon mari Jean ne partageait pas leur avis. Pour lui, le mal qui me
rongeait
était d'origine démoniaque. Il fallait alors l'intervention de Dieu. Il
me
conseilla donc d'aller trouver des prêtres pour m'exorciser. ...
Encouragée par
ces paroles qui me semblaient édifiantes, je rassemblai le peu
d'énergie qui me
restait et j'allai trouver seule mes anciens collègues. Lorsque
j'arrivai au
couvent, le révérend père me reçut à bras ouverts. On aurait dit qu'il
s'attendait à ma visite... "Sœur Françoise, tu as bien fait de venir
nous
demander conseil, malgré ton état de santé. Ma fille, je ne saurai te
dire
autre chose. Je peux
déjà te garantir qu'après ta mort, ton âme ne restera pas
longtemps au purgatoire avant d'entrer au paradis. Tu as déjà assez
souffert
comme cela. Pour cela, nous dirons plusieurs messes
en ta mémoire pour
que le bon Dieu intervienne rapidement."
"Si
Dieu peut
intervenir, c'est maintenant que j'ai
le plus besoin de Son aide, mon père! Je suis une mère, j'ai quatre
petits
enfants qui ont encore besoin de moi. Ils sont encore tout petits. Que
deviendront-ils?" "Nous savons tous que le cancer ne pardonne pas. La
mort effraie toujours. Je comprends ta peine. Tu peux donc t'en aller
partout
chercher ta guérison comme tu l'entends. Reviens vite me voir lorsque
tu seras
rétablie. Je t'entendrai en confession..." C'était une manière polie de
se
débarrasser de moi et de me congédier. Je m'en allai, toute triste et
déprimée,
ne sachant que faire ni où aller pour éviter cette mort tant redoutée.
Je me
trouvais déjà au niveau du grand portail du couvent lorsque j'entendis
quelqu'un m'interpeller derrière moi: "Sœur Françoise, veux-tu
revenir!" Je tournai la tête, et je vis un prêtre, plus jeune que celui
que je venais de quitter. Il était de passage dans ce couvent. Il était
curé
d'un autre couvent situé également à Lubumbashi.
Son
collègue
venait de lui révéler la raison de ma
visite. Le jeune curé me dit: "Viens me trouver dans ma paroisse quand
tu
voudras." Il partit après m'avoir remis son adresse. Dès le lendemain,
j'allai le trouver après la matinale. Il ne fut pas surpris de me voir.
"Tout ce que je peux faire pour toi, ce
n'est pas empêcher la mort de t'atteindre, mais retarder sa venue par
des
prières spéciales que je compte te remettre. Bien sûr, tu mourras un
jour, car
personne n'est éternel sur cette terre. Mais, si tu observes bien mes
conseils,
tu vivras longtemps. Je vais te mettre en contact avec des 'saints
anges'." "Du moment qu'il y a une possibilité, aussi minime
soit-elle, de prolonger ma vie, je suis prête à tout ce qui est en mon
pouvoir
pour vivre. Je ne veux pas mourir, mon père!" "Achète
d'abord ton sanctuaire et quelques accessoires. Ils te
seront d'une grande utilité dans tes prières." Le sanctuaire
en
question était une caisse en bois peinte en plusieurs couleurs, dont la
partie
supérieure avait la forme d'un cône. Un linge blanc recouvrait le tout.
À
l'intérieur, il
y avait une statuette de la
"vierge marie", un crucifix, des images de celui que les catholiques
appellent par erreur Jésus-Christ, une pierre tombale dite "pierre
sainte", reliques d'un mort (ongles, cheveux, morceaux de tissus ayant
appartenu au mort ...) appelées "reliques d'un saint", etc. Outre le
sanctuaire, j'ai aussi acheté de l'encens, des cierges et divers autres
objets.
La Bible déclare sainte toute personne née de nouveau. L'église
catholique
romaine canonise les morts. Un petit livre me fut remis. Il me servait
de
guide, pour mes prières. Je me mis donc à prier en suivant les
prescriptions de
ce livre. Les effets ne manquèrent pas de se manifester. Un jour que
j'étais en
prière dans ma chambre, un vent, sorti de je ne sais où, se mit à
souffler
violemment dans ma chambre. Il s'apaisa comme il avait commencé,
mystérieusement. Je ne pouvais pas aller trouver le père curé pour lui
raconter
ce que je vivais, car il avait été convenu avec lui que je ne pourrais
aller le
voir que lorsque les "anges du bon Dieu" me seraient apparus.
5.2-
Mes pratiques mystérieuses
Un
après-midi,
vers 16h, je me trouvais dans ma chambre
en train de "prier." En réalité, je ne faisais que lire les textes ou
réciter ceux que j'avais déjà appris par cœur. J'avais aspergé toute la
chambre
d'eau bénite. Je m'étais imprégnée d'un parfum et j'avais soufflé aux
quatre
coins de la chambre un peu de poudre. La fumée de l'encens qui brûlait
flottait
dans la pièce, donnant à celle-ci une apparence exotique. Mon crucifix
devant
moi, j'égrenais mon chapelet, selon les instructions du petit livre.
Dans cette
ambiance enfumée, je vis sortir du nuage d'encens une forme de main,
qui me
faisait signe de m'approcher. Je suis demeurée prostrée, ébahie, comme
hypnotisée, sans comprendre ce qui m'arrivait, oubliant où je me
trouvais. Je
clignai des yeux pour voir si je ne rêvais pas toute éveillée.
Cependant, la
main était là et continuait à me faire signe. Je priais pour une
probable
guérison, mais l'idée d'une apparition de ce genre ne m'avait même pas
effleurée.
Je
m'attendais
pourtant, mais sans grande conviction, à
voir apparaître des anges, comme me l'avait annoncé le prêtre... Ce qui
se
produisit ensuite m'arracha à ma contemplation. La main se métamorphosa
et prit
la forme d'un être étrange qui n'avait rien d'un ange. Cet être n'avait
d'humains que les mains et le front. Il avait les oreilles d'un lapin,
les yeux
d'un chat ou d'un hibou, un museau en guise de bouche, et une tête
recouverte
d'écailles, surmontée de deux cornes. Il avait des sabots à la place
des pieds.
Il était revêtu d'un pantalon noir et portait un gilet rayé de vert,
rouge et
jaune. J'eus quand même la présence d'esprit de reconnaître que je me
trouvais
bien en présence d'un démon, à la place de l'ange du bon Dieu promis
par le
père curé. Malgré cette découverte, il me fut impossible de fuir ni de
crier au
secours. Si je l'avais fait, cela aurait pu amenuiser mes chances de
guérison.
Je ne bougeai pas, car je tenais trop à mon rétablissement, quel que
soit le
prix à payer.
Une
voix
caverneuse, venue du fond des âges, sortit du
museau de la bête, rompant ainsi le silence: "Pourquoi
m'invoques-tu ici? Si je suis venu jusqu'à toi, c'est
que tu m'as fort dérangé. Tes prières sont arrivées jusqu'à moi.
Pourquoi ne
viens-tu pas au quartier général comme tout le monde?"
"Qu'est-ce
que ce quartier général et où se trouve-t-il, pour que je puisse m'y
rendre?" "Si tu ne connais ni
le quartier général, ni l'endroit où il se trouve, comment as-tu appris
ce
qu'il fallait faire pour m'appeler? Qui t'a mise au courant de mon
existence?
C'est celui-là qui doit répondre à tes questions." Sur ces
paroles, il
disparut comme il était apparu. Puisqu'il se faisait tard, je ne suis
pas
partie aussitôt voir le curé. Le lendemain matin, j'allai voir le
prêtre, et je
lui racontai ce qui était arrivé. Au fur et à mesure que je parlais, je
remarquai
que son attitude devenait bizarre. Je compris qu'il était gêné de
reconnaître
que ce n'était pas un ange de Dieu qui m'était apparu, mais bien un
démon, un
ange déchu... Durant toute notre conversation, le prêtre ne me donna
pas le
temps de terminer mes phrases. Il m'interrompait souvent. J'acceptai
donc de
jouer le jeu.
Tu
as vu les
anges...! Ah! Sœur Françoise, tu as de la
chance! Beaucoup ont désiré voir ce que tu as vécu, et n'y sont pas
parvenus.
D'autres sont morts sans avoir pu entrer en contact avec des saints de
leur
vivant. En tout cas, ta guérison ne saurait plus tarder. Que t'ont donc
dit ces
messagers de l'Éternel? Il m'a demandé de l'appeler dorénavant non de
ma
chambre, mais du quartier général. Où se trouve le quartier général,
pour que je
puisse m'y rendre? "Termine d'abord. Dis-moi tout ce que tu as à me
dire,
tout ce qu'ils t'ont dit. Je suis certain que tu connais bien le
quartier
général et son emplacement, même si tu ne sais pas que c'est de cela
qu'il
s'agit." "Mon père, il m'a dit d'aller vous trouver, pour que vous
m'y conduisiez." "Es-tu bien certaine d'avoir entendu cette
invitation?" "Oui certainement, mon père. Si ce n'était pas comment
aurais-je connu l'existence du quartier général?" "Ça va, tu as
raison, tu m'as convaincu. Dans ce cas, écoute-moi bien. Tu diras à ton
mari
que jusqu'à ta guérison, tu devras assister à une série de messes
spéciales,
chaque nuit à partir de ce soir. C'est pour qu'il ne te pose plus de
questions
à l'avenir. Quant à toi, tu veilleras soigneusement à ce que personne
ne te
suive jusqu'ici. Viens me retrouver seule, vers 23 heures, et je te
montrerai
le chemin du quartier général. Je te répète que tu dois faire attention
à ce
que personne ne te suive!"
Selon
les
conseils du prêtre, j'informai mon mari de ce
que je devais faire. Jean me laissa partir, non sans s'être auparavant
réjoui
de ce que mes anciens partenaires avaient été bien disposés envers moi.
À 23h
passée de quelques minutes, j'étais au couvent, où je retrouvai le curé
qui
m'attendait. Nous
nous acheminâmes vers une pièce qui se trouvait à l'intérieur même
de la chapelle. Une fois dans cette pièce, j'y
remarquai d'autres
religieux, tout de noir vêtus. Le curé se changea et enfila des
vêtements
noirs. Il me remit un colis et me pria de me revêtir de son contenu le
plus
rapidement possible. Il y avait dans ce colis une robe noire, des bas
noirs,
des gants noirs et un livre dont la couverture était noire. Lorsque je
fus
vêtue de noir comme tout le monde, les prêtres exigèrent que je
m'agenouille pour
qu'ils prient pour moi. Ils
m'imposèrent les mains. Pendant leur
prière, je fus saisie de vertige. La prière terminée, ils voulurent
s'assurer
de l'effet que l'imposition des mains avait produit sur moi.
Je leur
dis ce que j'avais ressenti et je vis comme un soulagement sur leur
visage. Le
curé me dit: "Nous pouvons partir à présent." Il n'était pas encore
23h30 lorsque nous nous dirigeâmes en voiture vers le grand carrefour
central
de la ville de Lubumbashi.
À
cette heure de
la nuit, il règne à cet endroit de la
ville une intense activité commerciale. Après avoir garé la voiture,
tout le
monde descendit. À ma grande surprise, les prêtres se mirent à se
déshabiller,
sans faire aucun cas de ma présence ni des personnes qui les
entouraient. Le
plus naturellement du monde, ils me prièrent de me dépêcher de me
déshabiller,
comme s'ils avaient oublié que J'étais une femme. J'obéis mais voulus
garder
mes sous-vêtements. Je reçus l'ordre de tout enlever et de rester nue,
comme
tout le monde. Le curé me dit: "Dépêche-toi, il ne nous reste que peu
de
minutes avant de rejoindre le quartier général!" Les lumières étaient
brillantes. Les gens circulaient en tous sens. Personne ne semblait
nous voir.
Pourtant, ces prêtres étaient bien connus à Lubumbashi. Comment
expliquer cela?
C'était effrayant de passer par une telle expérience! L'un des prêtres
me
lança: "Dépêche-toi, nous n'avons
pas de temps à perdre! Tu payeras cher si nous sommes en retard!"
C'est alors que je compris que nous étions invisibles aux yeux des
profanes. Je
me déshabillai à mon tour.
Nous
traversâmes
la rue et atteignîmes le centre du
carrefour. Un pentagramme fut dessiné sur le sol. Je fus invitée à m'y
coucher
à l'intérieur, le dos au sol, et chacun de mes membres au sommet de
l'une des
pointes du pentagramme. J'étais étendue au sol, bras et jambes écartés.
Cinq
cierges sortis de je ne sais où, brillaient à chaque sommet. On fit des
incantations sur moi. Trois prélats nus m'enjambèrent, tout en ayant
soin
d'effleurer certaines parties de mon corps. Ils prononcèrent des
prières qui
m'étaient inconnues.
Ces
prêtres
m'enjambèrent comme il est procédé lors de
l'ordination sacerdotale d'un nouveau prêtre catholique. La cérémonie
terminée,
les cierges disparurent sans que je comprenne comment. Nous revêtîmes
nos
habits noirs et prîmes la direction du cimetière des sapins de la ville
de
Lubumbashi. Le
quartier général n'était autre que le cimetière. Au quartier général, je croyais que
nous étions les seuls à fréquenter les cimetières la nuit. Je perdis
toute
illusion en voyant le nombre croissant de personnes que j'y trouvais.
La
plupart étaient jeunes. Je ne sais quel moyen ils avaient utilisé pour
arriver
jusque là.
Il
y avait là des
jeunes gens à la recherche de
sensations fortes, chacun dans son domaine. Des étudiants venaient y chercher
le moyen de terminer leurs études avec succès sans pour autant
travailler. Des
sportifs venaient y chercher des records inégalés. Des musiciens
venaient y
puiser de nouvelles inspirations. Moyennant des
sacrifices, ces
personnes signaient des pactes pour avoir plus de succès dans leurs
entreprises. Mais, hélas, cette gloire n'était qu'éphémère. Il fallait
renouveler le pacte après un certain temps, de peur de perdre la raison
ou la
vie. Il y avait aussi des hommes politiques. Outre le succès, ils
désiraient
obtenir le pouvoir de domination pour s'imposer dans des assemblées
générales.
Certains désiraient obtenir le pouvoir de lire l'avenir, afin de se
protéger
des jours mauvais. Les sacrifices que devaient offrir ces derniers
étaient
consistants. Certains venaient y préparer leurs discours. Toutes les
professions étaient représentées: médecins, avocats, ingénieurs,
etc.
Tous avaient un dénominateur commun: C'étaient tous des satanistes à la
recherche d'un succès terrestre. Si vous prêchez le Christ à de tels
gens, ils
ne L'accepteront pas comme leur Seigneur et Sauveur. Ces personnes se cachent souvent
derrière des dénominations religieuses, ou des sectes qui nient la
divinité de
Jésus-Christ.
J'y
ai aussi
remarqué des pasteurs, des diacres, des
abbés, dont l'abbé Kasongo qui était un familier des lieux, des
prêtres, et
j'en passe. Comment ces gens, qui ont pour mission de conduire les
hommes à
Dieu, avaient-ils échoué ici pour les conduire à satan? J'en ai donc
conclu que
Dieu n'existait pas, ou que le Dieu auquel nous pouvions croire était
un faux
dieu, un dieu de substitution, et que le vrai Dieu était ailleurs. La
présence
de guérisseurs, féticheurs, praticiens traditionnels et autres
charlatans ne
m'étonna guère. Il était normal qu'ils viennent puiser à leur source.
Nous
avons procédé à une visite des lieux. Arrivés devant une tombe, nous
nous
sommes arrêtés. Le curé récita une prière en invoquant quelques
"saints," et dont lui et ses collègues étaient peut-être les seuls à
connaître le secret. Certains passages étaient tirés du livre du
prophète
Jérémie. Au moyen d'une baguette magique, il frappa une tombe qui
s'ouvrit
d'elle-même en faisant sortir le cercueil.
Sous
le cercueil,
je découvris un passage, une sorte de
couloir qui donnait sur une espèce de cave ou de sous-sol. Longeant le
passage
ainsi ouvert, nous atteignîmes un tournant, au-delà duquel mes yeux
découvrirent une "abomination". A même le sol, il y avait là une
croix grandeur nature, sur laquelle un homme était ligoté, agonisant et
gisant
dans son sang. Bien entendu, Il portait une couronne d'épines sur la
tête. Un
clou était planté dans chaque main, et un autre attachait les deux
pieds au
bois. Il n'avait cependant aucune blessure à la poitrine. Cet homme
était
entouré de chaînes, qui étaient en fait de grands chapelets. Les
souffrances de
cet homme étaient manifestes et me donnèrent le frisson. D'un air grave
et
compatissant, le curé me dit: "Voici
notre seigneur jésus-christ
souffrant sur la croix. Son agonie dure, car il n'est jamais mort. Il
est
toujours vivant." Nous avions sans doute atteint le but de
notre
promenade car, après avoir vu cet être, nous nous sommes prosternés
pour
l'adorer, puis nous avons rebroussé chemin. À quelques détails près,
l'être sur
la croix avait des traits semblables à ceux du "jésus-christ" dont
les images inondent les marchés et les boutiques spécialisées. Ce même
"christ" est parfois aussi représenté sur des bijoux féminins.
Dieu
dit dans
Exode 20:4-5 'Tu ne te feras point d'image
taillée, ni de représentation quelconque
des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la
terre, et
qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras
point
devant elles et tu ne les serviras point." Ne voit-on pas
cependant
les catholiques embrasser la croix? On ne doit pas se servir d'objets
(crucifix, eau bénite, chapelet, etc.) dans le culte rendu à Dieu.
L'être sur
la croix rencontré au cimetière n'était qu'un démon. Le diable étant
expert
dans le mensonge, ses serviteurs ne peuvent qu'agir de la même manière.
C'est
ainsi que de nombreuses choses furent ajoutées à la sainte doctrine,
comme
l'eau bénite en l'an 400, la canonisation des "saints" en 995, le
célibat obligatoire des prêtres en 1074, etc.
Ce
premier
contact avec le quartier général terminé, nous
avons regagné le couvent, et je rentrai à la maison, où Jean était loin
d'imaginer dans quelle nouvelle ornière je m'étais embourbée. Chaque
nuit, je m'absentais
pour aller au quartier général, dans le but d'apprendre à prier sur les
tombeaux. Ces mêmes prières sont faites aussi par ceux qui dépouillent
les
tombes. Nos maîtres nous avaient conseillé de n'entrer en contact avec
des
morts, pour leur remettre certains cadeaux, qu'après les avoir roués de
coups.
Il y avait cependant des tombes qui ne dévoilaient pas leur contenu et
qui ne
répondaient pas à nos prières. Il s'agissait des tombes des véritables
enfants
de Dieu. Ceux qui répondaient à nos sollicitations étaient des démons
qui
attendaient la condamnation éternelle. Les esprits des enfants de Dieu
ne
séjournent pas dans les cimetières ou dans le séjour des morts.
Suite
à mes
nombreuses visites, je pus comprendre
certaines choses. En particulier la provenance véritable de l'eau
bénite et de
l'huile d'onction utilisées dans le catholicisme. L'huile d'onction n'est autre
chose que de la graisse humaine. Après l'avoir
désodorisée, on y ajoute
un peu d'huile d'olive. Notre chef suprême était le pape du cimetière.
Rien ne
pouvait se faire avant son apparition et sa fameuse bénédiction. Il
n'était
différent en rien du pape du Vatican par ses habits et ses différents
gestes.
Parfois, je me demande s'il ne s'agissait pas de la même personne.
À
une période
donnée de l'année, au printemps, je crois,
ce pape bénissait une certaine quantité d'eau que l'on nous
distribuait. Nous
conservions une partie de cette eau jusqu'aux premières pluies. Nous
recueillions alors les eaux des premières pluies pour la mélanger à
celle que
nous avions conservée, afin de réussir un bon mélange. Cette eau bénite
était
réservée aux grandes occasions. On la retrouve rarement dans les
bénitiers. Je
ne m'expliquais pas certaines choses: J'avais un corps différent
lorsque
j'étais au cimetière. Cet autre corps n'avait aucune déformation ni
malformation quelconque.
Mais
lorsque je
quittais le cimetière, je reprenais mon
ancien corps rempli de maladies. Lorsque j'en fis la remarque à mes
supérieurs,
ces derniers me firent entendre que c'était là une preuve tangible de
mon
rétablissement physique certain: 'Tu ne tarderas pas à avoir ce corps
nouveau
dans le monde physique. Persévère, pour que tu le voies s'accomplir..."
Je
ne manquais pas de persévérance! J'étais tellement zélée que je reçus
le titre
de diaconesse, et, plus tard, celui de médium, ce qui correspond au
niveau le
plus élevé pour une femme. Parmi les gens que je fréquentais, il y
avait des
tenanciers de grands débits de boissons. Ils nous demandaient souvent
la
possibilité d'augmenter leurs chiffres d'affaires. Nous leur remettions
des
esprits servants enfermés dans des bouteilles que nous remplissions
d'eau
bénite. Nous
remettions ces bouteilles aux tenanciers, en ayant soin de leur
dire de verser un peu de cette eau à l'entrée de leur débit de
boissons, là où
passent les clients. Une deuxième partie de l'eau devait être versée à
l'intérieur, là où consomment les clients, et la dernière partie devait
être
versée dans les installations sanitaires, surtout dans les urinoirs.
Les
démons
enfermés dans les bouteilles étaient ainsi
libérés et affectés à trois tâches différentes, selon l'endroit où ils
avaient
été lâchés. Ceux qui
avaient été libérés dans les urinoirs avaient pour mission de
"transformer" les urines en boissons consommables.
Ainsi, le
propriétaire ne devait plus acheter les boissons. C'était son avantage.
Les
esprits à l'intérieur du bar devaient introduire d'autres esprits dans
les
consommateurs. Ceux qui avaient été libérés devant la porte
s'appelaient les
"trompettistes." Au moyen de leurs "trompettes," ils
attiraient ou appelaient les buveurs. Il doit être clair que le diable
ne donne
rien pour rien. Il se fait payer tout service rendu, aussi minime
soit-il. En
conservant ainsi leurs stocks de boissons intacts avec le concours des
démons
dans les urinoirs, tous
ces commerçants, en contrepartie, devaient nous remettre 500.000
âmes par semaine. Une fois que cette urine transformée était consommée,
toutes
sortes de démons pouvaient entrer dans le corps des clients.
Satan n'a
pas tellement besoin de notre corps physique. C'est de notre esprit
qu'il veut
s'emparer pour neutraliser notre volonté. Il se sert toutefois de ses
démons
pour occuper des corps humains, car ces démons ont grandement besoin de
notre
corps pour s'y manifester.
Les
impudiques
attirent les esprits d'impudicité, et les
menteurs les esprits de mensonge, qui viennent habiter en eux. ... En
tant que
médium, j'avais le pouvoir de transmettre de la puissance à d'autres.
Je
pouvais apprendre aux nouveaux venus comment faire des invocations, ou
leur
montrer tout simplement comment aller au quartier général. Je pouvais
réceptionner divers courriers et les expédier à différents points du
globe. Je
connaissais plusieurs secrets pour tuer des gens, chose que je ne fis
jamais.
J'étais même en mesure d'envoyer des esprits pour ensorceler tout un
quartier.
Malgré ma capacité d'accomplir toutes ces prouesses, une fois que
j'étais en
dehors du cimetière, je me retrouvais toujours malade et déformée
physiquement.
Après
ces longues
fréquentations du monde occulte, mon
organisme accusa de sérieux signes de faiblesse. Sans que je m'en rende
compte,
le temps que m'avaient prédit les médecins pour que je meure était
dépassé.
Mais je me disais que ce n'était que partie remise. Une nuit, Jean, qui
m'avait
conseillé d'aller trouver les prêtres, me suivit à mon insu jusqu'au
couvent.
Il se calma lorsqu'il me vit franchir le portail du couvent, et
rebroussa
chemin. De toute façon, s'il avait attendu, il ne nous aurait pas
aperçus. Pour
aller du couvent au quartier général, nous étions déjà invisibles. Mais
ce
calme fut de courte durée, et il commença à me poser des questions
précises sur
mes fréquentations nocturnes et l'état de ma santé. Je feignis
l'indignation,
et il se rétracta en me faisant ses excuses. Je résolus alors d'arrêter
mes
visites au cimetière, après en avoir parlé avec mes supérieurs. Je mis
donc fin
à ma fréquentation du cimetière et pris congé le plus simplement du
monde de la
magie secrète de l'église catholique. Je rendis au prêtre tout ce qu'il
m'avait
remis. "Si quelqu'un se tourne vers ceux qui évoquent les
esprits et
les devins, pour se prostituer après eux, je tournerai ma face contre
cet
homme, et je le retrancherai du milieu de mon peuple." Lévitique 20:6.
L'un
des buts de
mon témoignage est de faire connaître à
tout le monde que Dieu est le seul responsable de la vie des hommes sur
la
terre. Après avoir abandonné la magie secrète de l'église catholique,
ma santé
se détériora davantage. Outre les démons qui manifestaient leur
présence au
travers de mon corps, les esprits errants du cimetière profitèrent de
mon
retrait pour élire domicile en moi. Ceci ajouta une dimension infernale
à mes
maux. Je pouvais entendre leurs gémissements, leurs palabres et leurs
plaintes
interminables. Je n'avais plus aucun répit, ni le jour ni la nuit. Je
souffrais
tellement que j'en perdais la notion du temps. Quand venait la nuit, je
désirais ardemment voir le jour paraître. La fraîcheur et le calme de
la nuit,
loin de me revigorer, amplifiaient les bruits que j'entendais,
empêchant ainsi
tout sommeil. Quand venait le jour, je désirais parvenir à la nuit,
pour me
soustraire aux tracasseries et aux ennuis incessants qui meublaient mes
journées.
Gloire
et louange
au Seigneur Jésus-Christ, en qui nous
avons la paix et la tranquillité, même dans des temps difficiles! Lui
qui nous
a rachetés par Son sang précieux qu'Il a versé au mont Golgotha. Ce
sang nous
couvre et nous protège des atrocités du malin. Mais, en ce temps-là, je
n'avais
aucune connaissance de Jésus-Christ ni de l'œuvre rédemptrice accomplie
à la
croix pour mon salut. Personne ne m'avait encore parlé de Lui. Partout
où je
passais, chacun défendait sa religion et les doctrines qui s'y
rattachaient.
Serait-ce ton cas, cher frère? Au lieu de présenter Christ,
présentes-tu ton
église? Présentes-tu le charisme de ton pasteur ou ta religion à
quelqu'un qui
a besoin de Christ?
6.1-
Mon introduction dans la rose-croix
Dès
avant notre
visite familiale à mon village, mes
oncles paternel et maternel, qui occupaient une position privilégiée au
sein de
la rose-croix, m'avaient fait enrôler au titre de "colombe," encore
très jeune. Par la suite, au couvent, j'avais remarqué que le curé
s'exerçait comme
moi à la rose-croix. Je n'en étais encore qu'à un stade rudimentaire.
... Après
mon abandon de la magie secrète catholique, un cousin qui vivait en
Europe, de
passage à Lubumbashi, vint me rendre visite. On lui avait parlé de la
médiocrité de ma santé, et des péripéties que j'avais endurées pour un
hypothétique rétablissement. Mon cousin resta calmement à mon chevet,
sans rien
dire pendant un moment. Puis les larmes coulèrent de ses yeux, et il me
dit:
"Bien sûr, on m'a parlé de toi et de ta santé, qui n'était pas fameuse
du
tout. Mais de là à te trouver dans un tel état, non, Françoise, je n'en
reviens
pas..."
Cette
fois, ses
larmes coulèrent de plus belle. Ce cousin
était encore jeune lorsqu'il nous avait quittés pour aller en Europe.
Il avait
gardé de moi l'image d'une belle jeune fille. Devant la loque humaine
que
j'étais devenue, il n'eut pas la force de se retenir. Il me dit:
"Puisque
les mauvais esprits se sont ainsi moqués de ta santé et de ton corps,
il
vaudrait mieux faire intervenir l'énergie qui est en toi pour résister
à toutes
ces attaques. Pour cela, il est de ton intérêt que tu adhères à notre
mouvement
philosophique. Il existe en chaque être humain une force agissante.
Cette force
reste inactive tant que la personne qui l'abrite ne l'active pas, par
simple
ignorance. La rose-croix a une double tâche: Révéler cette force à son
possesseur, et l'activer, avec l'accord de son possesseur." Me fixant
intensément, il poursuivit: "Loin d'être une religion, la rose-croix
est
un mouvement qui englobe la métaphysique, la physique, etc. Tu n'auras
pas
besoin d'un baptême pour y accéder."
Je
ne saurais
vous relater toutes les étapes franchies au
sein de la rose-croix, de peur de "vous faire perdre votre temps. Je
dirai
néanmoins que je suis passée par le stade de néophyte, par le Temple,
et que
j'ai parcouru la Loge. Un rosicrucien avisé comprendra facilement ce
que je
veux dire. Je connaissais des prières qui pouvaient carboniser un arbre
ou un
être humain. Un jour, j'en ai fait l'expérience sur un chimpanzé
domestiqué par
un couple d'occidentaux sans enfants. La perte de cet animal leur causa
un
chagrin que je regrette encore aujourd'hui. Il y a des gens qui vivent
des
situations difficiles lorsqu'ils sont en compagnie de rosicruciens, car
ces
derniers les prennent pour des cobayes pour expérimenter leurs
pouvoirs.
J'avais atteint un niveau où il m'était possible d'entendre les
"voix" des végétaux et celles des animaux. Bien que jouissant de ces
facultés extra-sensorielles, je n'étais pas libre du tout. Par exemple,
je
devais faire attention à ne pas écraser des fourmis en marchant. Je ne
pouvais piétiner la pelouse, de peur qu'elle ne me gronde.
Je pouvais
utiliser mon corps astral et sortir de mon corps physique. J'ai souvent
utilisé
ce moyen pour me rendre à certains endroits. Le dédoublement nécessite
une
grande concentration, et beaucoup d'autres choses horribles. Pendant
que
l'esprit voyage, il est remplacé dans le corps par un démon.
Malheureusement,
à son retour,
l'esprit de
la personne peut
s'évader, provoquant ainsi la folie. D'où le nombre croissant de fous
chez les
pratiquants de ces sciences occultes. Lors de son
adhésion, le nouvel
adepte est contraint d'expédier sa photo à la maison-mère. Cette photo
lui
permet d'être identifié par ses nouveaux partenaires. En contrepartie,
on
accorde à l'adepte une pyramide. Cette pyramide ne peut être vue que
par ceux
qui ont atteint le niveau du Temple et de la Loge, les autres se
servent de
signes ou de petits autocollants. Il y a des insignes spécifiques à la
rose-croix, bagues, chaînettes, etc. Les adeptes savent ainsi qu'ils
sont en
présence d'une "sœur" ou d'un "frère." La rose-croix se
vante d'avoir donné à l'humanité des papes, des savants, des pasteurs
et des
prêtres. Il s'agit bien en réalité d'une religion. Les rosicruciens
sont
religieux, puisqu'ils invoquent des démons (les grands-maîtres et les
imperators) dans les sphères du cosmos.
La
Bible déclare
que l'homme a été créé à l'image de
Dieu. Les rosicruciens ont déformé cette vérité au profit de leur
science.
Voici ce que déclare une monographie rosicrucienne: "L'homme, tiré de
l'image
de Dieu, a chuté à un certain moment." (C'est une manière de ne pas
dire
clairement que l'homme a péché). "Cette chute a fait que Dieu a placé
l'homme sur un plan d'infériorité." (La Bible dit que le péché a
éloigné
l'homme de son Créateur) "Cependant, l'homme peut se développer
lui-même
pour retrouver son état initial." Jésus a dit: "Nul ne peut venir au
Père que par moi." La banalisation du péché est monnaie courante dans
la
rose-croix. L'ivrognerie n'est qu'une manière de se distraire, tandis
que l'impudicité
n'est qu'une petite imperfection que Dieu a permise pour satisfaire le
besoin
de quelqu'un d'autre. Pis encore, on va jusqu'à nier le fondement même
du
christianisme, à savoir la mort et la résurrection de Jésus. Pour les
rosicruciens, Jésus ne pouvait ressusciter, puisqu'Il n'était pas mort.
D'après
eux, Christ ne pouvait mourir. Étant le grand maître de la magie, il ne
pouvait
connaître la mort. Pour eux, ce "christ" est le seul à avoir atteint
la perfection. Alors que selon la Bible, Christ est la perfection même.
6.3-
J'abandonne la rose-croix
Pour
tout
rosicrucien, la mort n'est qu'un terme réservé
aux personnes ignorantes. La mort ne serait que le début d'un nouveau
cycle de
perfectionnement. Pour expliquer leur incapacité à me venir en aide,
ils me
disaient: "Ta dernière incarnation
date du temps d'Hitler. Au cours de cette incarnation, tu as tellement
tué de
gens que maintenant tu dois payer cher tes crimes. Tu es en train de
payer pour
les crimes que tu as commis dans ta vie antérieure. Tu ne seras
parfaite que
dans une prochaine incarnation. Mais tu peux accélérer ce processus en
faisant
certaines études..." Les études en question consistaient à
invoquer de
manière occulte les esprits de personnes décédées: Les maîtres
invisibles et
les imperators. Les choses telles que l'huile et l'eau mystiques ne me
furent
d'aucune utilité. Méfiez-vous
des maisons où la présence de miroirs ne se justifie pas,
dans un bureau par exemple. Les miroirs, les
masques noirs et les
habits en or nous servaient lors des grandes cérémonies qui se
déroulaient dans
de grands temples sataniques.
Toutes
ces étapes
passées vous font comprendre que je
n'étais plus du tout une novice. Cependant, je me suis éloignée de la
rose-croix, malgré mes différents pouvoirs paranormaux, pour plusieurs
raisons.
La première raison est celle que vous connaissez déjà: Ma santé ne
s'était pas
rétablie et j'étais toujours malade. La seconde raison venait de la
constatation que j'avais faite: Seuls les riches pouvaient accéder à la
connaissance supérieure dans la rose-croix. Ce qui sous-entend que mon
porte-monnaie en a souffert! La
dernière raison qui motiva mon départ de
la rose-croix est la suivante: Je reçus un jour une lettre émanant de
mes
chefs, dans laquelle on exigeait que je choisisse de quelle manière je
voulais
mourir. "S'il t'arrivait un jour de mourir, quel
genre de mort
choisirais-tu? Mort par noyade, mort par asphyxie, mort par
étouffement, mort
par épuisement ou par maladie, mort par pendaison, mort à la suite
d'une
bagarre, mort à la suite d'un accident, mort pendant le sommeil, etc."
Cette lettre suscita en moi un sentiment de révolte et de dégoût.
Je
perdis tout
intérêt pour la rose-croix. "Comment
osent-ils me poser de telles questions, alors qu'ils connaissent les
raisons
profondes de mon adhésion à leur secte? Guérirai-je après ma mort, et
croient-ils que je vais gober leur histoire de réincarnation pour un
nouveau
cycle? Pourquoi toutes ces questions? Veulent-ils donc m'éliminer
physiquement?" Puisque je ne voulais pas mourir, il n'était donc pas
question que je réponde à leur lettre. Je tenais à la vie. Je voulais
vivre
afin d'aider les miens, vivre heureuse! Mon cousin n'était plus sur
place pour
que je le tienne informé de la tournure des événements. J'eus donc le
bon
réflexe de ne plus assister aux réunions et de ne plus lire les
monographies.
Je résolus donc de quitter la rose-croix, malgré le fait que le nombre
de voix
que j'entendais avait augmenté, et malgré toutes les conséquences qui
pouvaient
en découler. Je m'abandonnai à mon sort, le sort de quelqu'un sans
Christ.
7-
La Mahi-Kari et la magie indienne
Un
ami de mon
grand frère, m'informa des merveilles qui
se passaient dans une récente secte orientale implantée dans notre
pays. Il
s'agissait de la Mahi-Kari. Très peu de gens connaissaient son
existence et
encore moins y avaient adhéré. Bien que n'étant pas une religion en
soi, la
Mahi-Kari enseignait une doctrine bien différente de celles que j'avais
connues
jusqu'ici. Toujours à la recherche d'une hypothétique guérison, je
n'avais
d'autre alternative que de m'engager dans cette nouvelle voie, malgré
mes
différentes déceptions enregistrées dans le passé. Je dus payer avec
des
devises mon adhésion, ainsi que l'achat de "l'omitama", un dieu
étrange aux facultés bizarres. Pourquoi bizarres? Tout d'abord, parce
qu'il
fallait l'acheter, ensuite parce qu'il fallait le transporter, le
protéger, et,
au besoin, le cacher. Ce dieu me fut présenté sous la forme d'un
médaillon
creux comportant un bout de papier représentant l'effigie d'une
personne. Le
délai fixé pour ma mort était déjà expiré, mais j'avais toujours cette
épée
suspendue au-dessus de ma tête. Je croyais à tout ce que l'on me
demandait de
croire, afin d'atteindre mon but, qui n'était que la guérison physique.
Ma
ferveur fut si
manifeste qu'en peu de temps je gagnai
la confiance des maîtres. Ce qui me valut le titre de "donneur de
lumière". Quelle lumière pouvais-je transmettre aux autres, sinon une
lumière noire et pleine de démons? Cette secte enseignait aussi la
réincarnation, ce qui lui attirait un nombre croissant d'adeptes. Les
gens y
venaient en masse car on leur disait qu'ils n'avaient plus que quelques
occasions, au plus, de revenir sur la terre avant d'être en harmonie
avec leur
dieu. Ces différentes réincarnations devaient les libérer de leurs
diverses
imperfections. Ainsi remplis de l'espoir de renaître bientôt parfaits,
les
adeptes se voyaient tout permis dans cette vie. Le christianisme donne
aux
enfants de Dieu le pouvoir de dominer sur la création. En revanche,
dans la
Mahi-Kari, l'homme doit tout faire, par ses propres efforts et ses
propres
moyens, pour dominer sur la nature et sur ses semblables. Mais je fus
vite
lassée. Mon corps accusait de plus en plus de faiblesse et de fatigue.
Lorsque
je demandais pourquoi je demeurais toujours malade, on me répondait que
c'était
une question de comportement. "Ces esprits viennent du cinquième ciel.
Dès
qu'ils auront terminé de faire ce qu'ils ont à faire en vous, ils vous
laisseront libre..."
Les
deux-tiers
des enseignements que nous recevions
concernaient les moyens d'obtenir des biens matériels. Des questions
telles que
celles-ci: "Comment devenir riche? Comment doubler son capital?"
étaient courantes dans leurs réunions. En outre, je ne croyais pas à
leur dieu.
Même un petit enfant aurait pu déceler la supercherie. Quel était ce
dieu qui,
au lieu de nous secourir, de nous sauver, de nous guérir et de nous
protéger,
devait se laisser transporter ou dissimuler par nous, alors que c'était
à nous
de recevoir sa protection et son soutien? Je n'avais que faire de ce
dieu pour
riches. Comment un pauvre aurait-il pu se payer les devises nécessaires
pour
acheter l'omitama? Oui, même un petit enfant aurait pu déceler le
subterfuge.
Mieux valait pour moi me résigner à mon sort et attendre calmement la
mort, plutôt
que faire souffrir mon âme inutilement.
Toutefois,
l'idée
de mourir si jeune me chagrinait
beaucoup. J'avais un mari et quatre enfants que je chérissais. J'étais
prête à
tout sacrifier pour eux. Pourquoi la maladie s'acharnait-elle tant sur
moi,
alors que le monde était rempli de candidats au suicide? Je priai Dieu.
Je
n'avais souvent pensé à Lui qu'en dernier ressort, lorsque mon
intelligence
avait épuisé toute autre solution. Ma foi a donc commencé quand j'ai
constaté
mon ignorance. Satan m'avait tellement avilie que mes jambes et mes
pieds
avaient démesurément enflé, au point que je ne pouvais mettre aucune
chaussure.
Pour me chausser, je devais utiliser des cartons maintenus à l'aide de
ficelles. Un démon s'était logé dans mon dos et m'obligeait à rester en
permanence dans une position inclinée. Même en ces temps difficiles, où
un seul
regard porté sur moi incitait à la répugnance, Jean demeura à mes côtés.
7.1-
Mon premier contact avec la magie indienne
Il
existe en Inde
une organisation magique occulte dont
je tairai le nom, et qui avait, à cette époque-là, deux bureaux de
représentation en Afrique. Le premier bureau se trouvait au Malawi,
tandis que
le second était situé dans la ville même de Lubumbashi. Un après-midi,
alors
que je revenais de chez une parente, un inconnu m'interpella: C'était
le
représentant de l'organisation magique indienne au Zaïre. "Hélas! Qui
es-tu pour supporter le poids d'un aussi grand nombre d'individus?" Je
me
tins sur le qui-vive, pour voir s'il s'adressait bien à moi ou à un
autre
passant. En moi-même, je ne manquai pas de m'interroger sur l'identité
de celui
qui pouvait "voir" les personnes dont je ne percevais que les voix.
J'étais
certaine
qu'il avait voulu parler de ces
personnes. Malgré mon silence, l'homme insista: "Hé bien, toi, pour qui
te
prends-tu? Pour la reine d'Angleterre? C'est bien à toi que je
m'adresse!
Pourquoi fais-tu semblant de ne pas m'entendre? Ne sais-tu pas que j'ai
la
possibilité de te libérer de toute cette charge? Sois sage, et
réfléchis un peu.
Si je t'aide, que perds-tu et qu'ai-je à gagner? Rien!" J'étais
tellement
dégoûtée de la vie que je n'eus même pas le courage de répondre à ces
paroles,
ne serait-ce que par politesse. Comme un automate, je poursuivis ma
route.
Cependant,
poussé
par je ne sais quelle force, l'inconnu,
loin de se décourager, me poursuivit, malgré mon manque d'intérêt.
"Sois
sage et raisonnable! Je te donne tout de même mon adresse, pour le cas
où tu
changerais d'idée et que tu voudrais me contacter!" Il me donna
verbalement
son adresse et me devança. Tout au long de son discours, je ne me suis
même pas
retournée pour voir à quoi ressemblait son visage. Continuant ma route
en
silence, je m'apitoyai seule sur mon sort et me mis à pleurer. Je me
dis:
"Pourquoi ai-je été si grossière envers cet inconnu? Comment a-t-il
'vu'
ceux qui me parlent souvent? S'il a pu les voir, c'est qu'il n'est pas
un
profane."
Une
fois rentrée
à la maison, je continuai à me poser ces
questions. N'avait-il pas raison, après tout? Qu'avais-je à perdre,
puisque,
dans l'état où j'étais, tout était perdu? Autant le revoir. Ma décision
fut
prise, il fallait que je le rencontre! Le lendemain après-midi, j'étais
chez
lui. D'après le nombre de véhicules que je vis garés chez lui, je
compris que
cet homme ne devait pas être un simple féticheur, mais qu'il était bien
plus
que cela. Un peu rassurée, je pénétrai dans la propriété.
Lorsqu'il
m'aperçut, il s'écria de loin, comme s'il
s'attendait à ma visite: "Enfin, te voici! En tout cas, tu as bien fait
de
venir. Tu vas guérir de toutes tes maladies. Ce qui compte le plus ici,
ce
n'est ni le zèle ni la foi, mais le courage. Il te faudra beaucoup de
courage... Je vais te soumettre à différents tests. Seuls les résultats
diront
si tu es apte ou pas." Un peu contrariée, à cause de toutes mes
déceptions
passées, je lui répondis durement: "Ce n'est pas la peine que je fasse
vos
tests! Je suis courageuse, je le sais! Il y a quelques années, je me
rendais
parfois seule la nuit au cimetière. Autre fois, toujours à la recherche
de ma
guérison, j'ai passé une nuit dans un marigot plein de crapauds. Dans
des
sectes où j'ai été, j'ai assisté sans broncher au sacrifice de
certaines
victimes! Il n'y a rien à redire à mon courage!" "Tu es peut-être
courageuse,
je l'admets. Cependant, les ordres sont que tu passes tes examens avant
toutes
autres choses, et il vaut mieux le faire d'abord. Le reste viendra
après. Mais
puisqu'il se fait déjà tard, reviens demain après-midi pour assister
aux
premières séances avec les autres." En me raccompagnant, nous
traversâmes
une salle pleine de gens nus, allongés à même le sol. Dans une autre
salle,
certaines personnes semblaient suivre un cours.
Le
lendemain,
lorsque je revins; on me donna un crayon à bille
et un cahier pour prendre des notes. Nous devions mémoriser des phrases
dont je
ne comprenais pas la signification, car elles étaient dans une langue
étrangère
à consonance orientale. L'enseignant se servait d'une baguette pour
cadencer le
rythme de la prononciation. Ce n'est pas sans raison que je mentionne
ce
détail. En mémorisant ainsi ces textes, nous nous ouvrions au diable et
à ses
démons. Le diable utilise la parole, non seulement pour propager son
message
mortel, mais aussi pour posséder les âmes. C'est ainsi par exemple que
lorsqu'un magicien prononce une formule magique, il utilise un code qui
doit
déclencher un certain mécanisme. ... Dans la rose-croix, on pouvait se
dédoubler et aussi parler avec des végétaux. Je découvrais à présent,
chez mon
nouveau maître, que le diable pouvait transformer un homme en animal,
en une
mouche, un boa, un crocodile, un moustique, etc. Les véhicules que
j'avais
aperçus lors de mon arrivée appartenaient à des clients.
Un
jour, après un
cours, mon maître me dit
confidentiellement: "Chère madame, dans ce bas monde, il n'y a rien
pour
rien. Les personnes qui viennent nous consulter ne le font pas
gratuitement.
Ils doivent payer un certain prix, soit en espèces, soit en échange
d'une vie
humaine, soit encore en faisant certaines tâches. Pour toi, ne
t'inquiète pas,
car ton cas est un peu spécial. Tu ne dois rien payer, car c'est moi
qui t'ai
trouvée, et non l'inverse. Il y a des gens qui n'ont pas payé ce qu'ils
nous
doivent. Ceux-là payent leurs dettes de leur liberté. Ils sont transformés en animaux,
en boas, en singes, en léopards, etc. et ils sont vendus à des zoos ou
des
cirques. C'est très simple... Je les métamorphose
en animaux, et je
bloque le processus de retour à leur forme humaine par des formules
appropriées.
La victime reste pour de bon dans sa condition. On la ligote, on la met
en
cage, et on la vend en Ouganda, en Tanzanie, ou le plus souvent au
Kenya. Le
drame de ces personnes qui restent sous une forme animale, c'est
qu'elles
continuent à voir et à entendre exactement comme des hommes, mais sans
pouvoir
communiquer avec nous!"
7.3-
Premières expérimentations
Les
cours
touchèrent à leur terme. Vint ensuite le temps
des expériences. Un après-midi, nous nous trouvions dans l'une des
salles,
spacieuse et non meublée. Tout le monde se coucha nu, face contre
terre. Nous
devions remuer nos quatre membres à la manière d'un nageur dans l'eau.
Nous
avions répété plusieurs fois ce même exercice, lorsque le maître entra
dans la
salle où nous nous trouvions, et nous donna l'ordre de fermer les yeux.
Il
menaça sévèrement tous ceux qui désobéiraient à ses ordres. Il nous
ordonna
ensuite de réciter certaines des phrases que nous avions apprises par
cœur, en
ayant bien soin de bien prononcer chaque mot, et d'aspirer une bouffée
d'air
après chaque phrase.
Malgré
l'interdiction du maître, ma curiosité me poussa à
désobéir. Je voulais savoir à quoi servait toute cette mise en scène.
Allongée
sur le sol, au lieu de fermer les deux yeux, je n'en fermai qu'un seul,
et
observai ce qui se passait au moyen de mon œil entrouvert. Sous mon œil
médusé,
je vis une métamorphose se produire. Mon voisin devint un monstre
moitié
serpent, moitié homme. Les pieds, les jambes et une partie du tronc
s'étaient
déjà transformés en la queue d'un serpent, tandis que la poitrine, les
bras et
la tête conservaient encore leur forme humaine.
À
la vue de cette
scène, je perdis courage et je pris
peur. Je voulus me sauver, fuir et partir au loin. Mais je me rappelai
les
imprécations du maître et les conséquences qui en découleraient. Aussi,
je
m'abstins et me concentrai sur l'exercice. Ceci me prit un peu de temps
et me
causa un léger retard. Je fus la dernière à me transformer en boa. Je
sentais
un affaiblissement total. Ouvrant les yeux pour voir ce qui m'arrivait,
je
découvris que tout mon corps avait pris la forme d'un serpent. Seule ma
tête
conservait encore une forme humaine! J'eus un second étourdissement et,
à mon
réveil, j'étais entièrement un serpent, un énorme boa. Au lieu de
marcher, je rampais.
A la place de paroles, sortaient de ma bouche des sifflements
identiques à ceux
d'un serpent. Toute la salle était remplie de boas. Seul le maître,
debout,
avait conservé sa forme humaine. J'entendais tout, et je voyais tout ce
qui
entrait dans mon champ visuel. Cependant, je ne pouvais pas m'exprimer!
Une
demi-heure plus tard, je ressentis comme un étourdissement. Lorsque je
repris
connaissance, je me retrouvai dans mon corps, avec mes maladies.
J'avais
pourtant été heureuse de constater que, sous forme d'un boa, je n'avais
pas de
difformités. Ce qui m'avait poussé à penser que j'étais guérie.
Quelle
ne fut pas
ma déception lorsque, reprenant ma
forme humaine, j'observai avec amertume qu'aucune guérison ne s'était
produite.
Trois semaines plus tard, j'étais capable de me métamorphoser en boa,
en
abeille, en moustique, en crocodile, en léopard, etc. sans le concours
du
maître. Cela m'amusait beaucoup. Je pouvais ainsi oublier mes malheurs.
Lorsque
je prenais la forme d'une abeille, par exemple, je pouvais revenir à la
maison,
voir et entendre tout ce qui s'y passait, mais sans pouvoir intervenir.
Le
revers de la
médaille était que, lorsqu'une personne
se trouve sous la forme d'un animal ou d'un insecte, si cet animal ou
cet
insecte est tué, la personne doit nécessairement mourir, non pas sur
place,
mais une fois rentrée à son domicile. Jean me reprochait souvent mes
absences
injustifiées les après-midi. Il voulait que je lui donne des
explications. Mais
il m'était impossible de lui en donner. Le maître nous avait
formellement
interdit de dévoiler notre secret, même à notre conjoint. Mais Jean
devenait de
plus en plus soupçonneux!
Un
jour, il me
suivit sans que je m'en aperçoive. Je ne
l'aperçus qu'au dernier moment, et je n'avais plus aucun moyen de faire
demi-tour ni de l'esquiver. J'entrai donc chez mon maître, et lui
expliquai que
"mon mari était à mes trousses". En un temps record, je me
transformai en boa. Le maître n'eut que le temps de cacher mes habits
dans un
tiroir, et Jean fit irruption dans la pièce. "Où est ma femme?
demanda-t-il." "De quelle femme parles-tu, cher monsieur?" Lui
rétorqua le maître. "Je parle bien de mon épouse! Celle qui vient
d'entrer
dans cette salle. Je la suis depuis la maison. Elle n'a pu aller
ailleurs. Je
l'ai vue entrer ici, dans cette pièce!" "Mais regarde bien la pièce
où nous nous trouvons. Il n'y en a qu'une. Cette fenêtre donne sur
l'endroit
par lequel tu es venu. Si ta femme est entrée ici, comme tu as
l'audacieuse
prétention de le dire, trouve-la donc! Sinon, présente-moi des excuses
et
dégage le plancher, car tu es en train de violer mon domicile." J'étais
bien présente, mais Jean ne le savait pas. Enroulée sur moi-même dans
un coin,
je suivais leur dialogue.
À
la fin, Jean
s'exclama, découragé: "Ce n'est pas
possible, mon Dieu, ce n'est pas possible! Je rêve ou quoi? J'ai suivi
Françoise depuis la maison, jusque dans cette pièce. Où est donc passée
ma
chère épouse? Je ne vois qu'un boa et toi ici... Mais où est donc
passée ma
femme?" "Es-tu malade, ou quoi? Ai-je affaire à un fou? Je te dis de
t'en aller, ou je vais porter plainte contre vous!" Jean n'était pas
d'un
tempérament compliqué. Il s'excusa et s'en alla. J'eus un pincement de
cœur en voyant
le désarroi de mon mari. Après son départ je repris la forme humaine et
le
suivis à la maison. Je le trouvai morose, l'air mélancolique. Il ne me
posa
aucune question, mais sa façon de me regarder en disait long. Avait-il
des
soupçons, ou avait-il simplement compris que sa chère Françoise n'était
autre
que ce boa dans le coin de la pièce? De peur de perdre mon mari, je
décidai
d'abandonner la magie indienne. Que deviendrais-je s'il m'arrivait de
le
perdre? À quoi ressemblerait ma vie? Une fois ma décision prise,
j'allai
trouver le maître et lui dis ceci: "Cher maître, voici plusieurs mois
que
je fréquente ces lieux, sans que cela change quoi que ce soit à mon
état
actuel!
Depuis
qu'il m'a
suivie ici, mon mari ne m'adresse plus
la parole comme avant. J'en souffre beaucoup! Parfois, il me regarde
d'une
drôle de façon. Dis-moi, maître, ce qui me reste à faire, pour que je
le
fasse!" Il me considéra pendant un moment, avant de me demander: "Qui
pourrait s'inquiéter le plus, en cas d'une absence prolongée de ta
part?"
"Cela dépend de la durée de mon absence." "Trois jours au
plus." "C'est à mon mari que j'aurai le plus de comptes à rendre. Où
comptes-tu m'emmener? Aurais-tu l'intention de me vendre au Kenya?"
"Mais non! Ne sois pas idiote à ce point! Et puis, tu oublies, je
pense,
nos consignes? Tes questions ne dissimulent-elles pas ta peur?
Pourtant, tu
sais fort bien que le courage nous est recommandé, rappelle-toi bien!
Apporte-moi les restes des aliments de ton mari, ainsi qu'un peu de la
poussière de son talon droit. C'est pour le neutraliser pendant deux ou
trois
jours." Le lendemain, je lui apportai ce qu'il avait exigé. Il
introduisit
ce que je lui avais apporté dans une bouteille aux trois quarts remplie
d'une
substance. Avant de refermer la bouteille, il prononça par trois fois
le nom de
mon mari, puis il agita fortement la bouteille. "Ainsi, personne ne
sera
en mesure de t'inquiéter pendant deux à trois jours."
8-
Le monde satanique sous-marin
Le
maître mis de
l'ordre dans les affaires en cours et
confia la direction de sa maison à l'un de ses adjoints. Peu après,
nous nous
rendîmes dans la forêt, loin de toute habitation. Après avoir parcouru
plusieurs kilomètres à pied, nous étions exténués. Il y avait dans les
parages
un "nganda!" (Sorte de camping où les chasseurs peuvent se reposer).
Après m'avoir déshabillée, le maître me fit revêtir un vêtement de
raphia et de
feuilles d'arbre. Nous restâmes là deux jours sans prendre aucune
nourriture.
Le troisième jour, il me coloria d'une peinture à base de chaux, de
différentes
couleurs, à la manière des prêtresses spirites consultées pour la
divination,
et qui exécutent leur rite en invoquant des esprits sataniques. Un peu
affaiblis, nous nous traînâmes jusqu'à la rivière qui coulait dans les
parages.
Il y avait une pirogue flottant sur l'eau, et retenue à la berge au
moyen d'une
corde. Il délia la corde et nous primes place à bord.
Nous
suivîmes le
courant d'eau, et atteignîmes un endroit
où le courant était très fort, et l'eau très profonde. À mon grand
étonnement,
le maître arrêta la pirogue à cet endroit précis et m'invita à plonger.
"Voici le moment où tu dois faire preuve de ton courage. Jette-toi à
l'eau!" "Pardon?" "Je te dis de te jeter à l'eau!"
Bien qu'à jeun et affaiblie, j'avais tout de même gardé assez de
lucidité pour
détecter le danger. "Jette-toi à l'eau le premier, et j'irai ensuite.
Nous
avons été ensemble jusqu'à présent; comment peux-tu imaginer que tu vas
te
débarrasser aussi facilement de moi?" "Trêve de bavardages! Nous
avons atteint un point de non-retour. L'heure n'est pas aux vaines
discussions.
Plonge, je te l'ordonne. Le temps passe, et tu es attendue." "Mais
c'est un suicide! Je ne sais pas nager! Si tu tiens à ce que je plonge,
déplace
la pirogue à un endroit où l'eau est moins profonde et moins agitée
qu'ici.
Sans cela, je ne plongerai jamais! Ou alors, plonge le premier, et je
te
suis!" "Tu ne sais pas de quoi tu parles, petite fille! Au point où
nous en sommes, il nous est pratiquement impossible de faire marche
arrière. Si
j'accepte ta proposition, ce serait pour moi signer notre arrêt de
mort! Nous
sommes attendus! Tu ne le sais peut-être pas, mais tu es en train de
gâcher
toutes tes chances de guérison!" "Ma guérison se trouve-t-elle dans
l'eau? Non, je ne veux pas."
Se
voyant dans
l'impossibilité de me convaincre, le
maître eut recours à une ruse. Il fixa un point derrière moi et resta
calme,
comme s'il voulait attirer mon attention sur quelque chose. Je relâchai
aussitôt ma méfiance pour observer ce qui se passait. Profitant de ces
quelques
secondes, le maître me précipita dans la rivière. Le contact de l'eau
sur mon
corps me fit un choc, mais, en dehors de cela, je ne ressentis plus
rien. Je
fus tout de même surprise de constater que mon corps ne se mouillait
pas, et
que je pouvais respirer tout à fait librement!
La
peur de la
mort par noyade fit place à un grand
étonnement. L'unique sensation bizarre que j'éprouvai ressemblait à ce
que l'on
ressent dans un avion qui traverse une zone de trous d'air. Cela dura
quelque
temps. Mes yeux étaient grand ouverts, mais je me trouvais dans une
obscurité
complète. Puis je perdis connaissance. Lorsque je revins à moi, il me
semblait
que l'on me palpait, comme si l'on me réanimait. Lorsque j'eus recouvré
tous
mes sens, on me déplaça de l'endroit où je me trouvais, et je me
trouvai dans
une salle très propre, où il faisait grand jour. La population de ce
lieu était
en grande partie constituée de femmes. J'étais accompagnée par l'une
d'elles,
qui me servait de guide, et qui m'expliqua que ces femmes étaient en
réalité
celles que les hommes appellent les "sirènes." Elles ne mettent leur
queue que lorsqu'elles veulent sortir. Cette queue est identique à la
queue
d'un grand poisson. Enhardie par la courtoisie de mon guide, je lui
demandai:
"N'y a-t-il pas d'hommes ici?" "Si, si! Nous avons nos maris,
mais ils ne sont pas comme les vôtres.
Ici,
chaque homme
possède une vingtaine de femmes au
moins. Ce n'est pas de la polygamie, parce qu'ici, ce n'est pas l'homme
qui
choisit sa femme, mais plutôt la femme." Mon guide me montra les
"maris" en question. C'étaient des géants. Chacun d'eux pouvait
atteindre une taille de sept à douze mètres. L'un d'eux s'approcha de
moi et
m'examina comme un anthropologue examine un sujet à étudier. Il me
souleva de
terre d'une seule main et commença son examen. Nous arrivâmes chez les
supérieurs, qui nous attendaient. On m'offrit une place, et mon guide
se
retira. Celui qui semblait être le plus gradé m'adressa ces paroles:
"Le
grand chef éprouve pour toi une grande affection. Il a commencé à
s'intéresser
à toi depuis le temps où tu as signé ton premier pacte avec lui, en
acceptant
le repas de ta grand-mère.
Depuis
lors, il
te suit partout. C'est lui qui t'a
envoyée chercher. Enfin, te voici parmi nous, et, dans quelques
instants, tu
pourras avoir un tête-à-tête avec lui. Dis-toi bien que tu es
privilégiée. Il
te suffira de faire une toute petite chose de rien du tout pour le
voir. Il
suffit que tu exprimes ton désir de le rencontrer, en signant un
nouveau pacte,
mais volontairement cette fois. De la sorte, nous verrons que tu ne
pourras
plus nous nuire ni nous fausser compagnie à l'avenir. Le pacte consiste
en
ceci: Tu devras partager un repas avec nous. Par ce moyen, tu
accepteras de
nous donner ton père. Ce n'est qu'ensuite que tu pourras voir le
prince."
"Que
vient faire
mon père dans tout cela? Je ne
tuerai jamais personne. Si je suis arrivée jusqu'ici, c'est pour des
raisons
que vous connaissez bien!" "Mais ce n'est qu'un simple signe de
soumission
au prince, un signe d'obéissance et de fidélité. Le sang de ton père
témoignera
contre toi le jour où tu voudrais nous fausser compagnie. Sais-tu qu'un
pacte
conclu au moyen du sang a plus de valeur aux yeux du grand prince? Et
si tu
donnes le sang de ton père, quel signe de dévouement, d'attachement et
d'amour
pour le maître! Nous avons choisi ton père, car nous avons pensé que
c'est lui
qui convenait le mieux, entre ton mari, tes quatre enfants, ta mère ou
ton
père. Si tu n'es pas de cet avis, tu as encore le temps de nous
indiquer, sur
cette liste, qui tu veux sacrifier. Mais plus la personne sacrifiée
vous est
chère, plus la valeur du pacte est grande." "Non!"
"Réfléchis, petite fille. Ne tiens pas compte de ce que tu crois, ni de
ton état actuel. Tu auras une beauté bien plus grande que celle que tu
avais
dans ta jeunesse! Tu deviendras très belle et très riche!
Parlons
de la
richesse qui t'attend. Tu auras toute une
chaîne de magasins et de bijouteries." "Ma vie ne compte pas.
Mettez-vous un peu à ma place: Qu'est-ce que je perdrais, si je mourais
maintenant?" "Mais, chère madame, le grand prince ne te veut que du
bien! Son souhait est que tu sois heureuse! Il a remarqué ton courage
et veut
faire de toi une grande reine de l'Afrique Noire! Tu es la seule à
avoir pu
mériter son admiration. Montre-toi digne d'une telle estime de la part
de notre
grand prince! Fais un petit geste, et tout changera positivement pour
toi!" Devant un langage aussi séducteur, je fus sur le point d'oublier
le
caractère atroce de l'acte qui m'était demandé, ainsi que ses
conséquences.
Mais, après réflexion, je ne découvris rien qui me permettrait de
condamner mon
père. "Quels services devrais-je encore rendre, pour mériter tant
d'éloges?"
"Rien, absolument rien! En revanche, toi, tu recevras de grandes
richesses. Ne te l'ai-je pas dit au début? Tu deviendras réellement une
reine
enviée de tous. Le grand prince a juré de te faire un nom dans la
bijouterie
africaine. C'est par
le moyen de ce grand commerce de bijoux que tu le serviras et
que tu lui permettras d'obtenir continuellement du sang humain et des
âmes."
"Combien de fois faudra-t-il vous dire que j'ai horreur du sang! Je ne
peux pas tuer. Tuez-moi plutôt, car je ne tuerai aucune des personnes
figurant
sur votre liste."
"Ne
te fâche pas!
Qui t'a parlé de tuer? À vrai
dire, tu ne tueras personne! Accepte seulement de manger avec nous,
accepte que
ces bijouteries fonctionnent en ton nom, et c'est tout! Tes clients
seront
poussés par la convoitise. Ils viendront eux-mêmes acheter très cher
des bijoux
dans tes magasins. Sur le plan de la qualité, nos produits sont les
meilleurs.
La plupart de tes clients deviendront nos victimes. En effet, ces bijoux, grâce à
d'innombrables incantations compliquées, contiennent des esprits
inférieurs
condamnés à nous servir. Quand un client achètera un bijou, c'est en
réalité un esprit qu'il achètera. Une fois dans leur maison, cet esprit
sera
capable de soutirer pendant la nuit le sang des occupants de la maison,
surtout
celui des petits enfants. Il pourra aussi perturber
l'équilibre du
foyer en semant la mésentente entre les conjoints, sans jamais être
inquiété.
Tout le monde sait qu'un foyer où il y a de la mésentente est un
terrain
propice à nos exploits. Cet esprit pourra aussi voler de l'argent, et
semer la
méfiance entre les conjoints." "Je ne peux pas vous donner mon accord
tout de suite. Donnez-moi plutôt un temps de réflexion."
Je
fis cette
demande pour avoir un moment de répit, car
j'en avais assez! "Tu as tout ton temps! Réfléchis, et tu verras que tu
risques de gâter tes chances pour de simples futilités! Car après tout,
ton
père finira bien par mourir un jour, avec ou sans ton concours." Mon
interlocuteur me conduisit dans une sorte de couloir qui déboucha sur
une
salle. Compte tenu du mobilier, je me dis qu'il devait s'agir d'une
salle de
cours. Quelqu'un se tenait au tableau. Je lui fus confiée, il
s'approcha de
moi, très sûr de lui. Il agissait comme un professeur devant un nouvel
étudiant. Sans protocole ni préambule, il me dit: "Si tu veux t'élever
au
sein de notre hiérarchie, il est de mon devoir de te révéler ne
serait-ce que
les éléments de société, et l'extension de base des rouages de nos
pouvoirs." Après qu'il m'eut instruit sur toutes ces choses, il me
remit
une sorte de lentille que je dus placer sur mes yeux. Il fit défiler
devant moi
sur un écran des personnes portant des insignes ou des figurines, sur
le visage
ou sur la poitrine. Parmi ces insignes, il y avait par exemple le
pentacle,
étoile à cinq branches utilisée par les occultistes dans leurs
incantations.
Chaque dessin représentait une certaine espèce d'esprits. Ils étaient
différenciés par leurs couleurs, qui couvraient tout le spectre.
Mon
instructeur
me montra sur l'écran un homme portant
une couronne noire sur la poitrine. Il me dit que c'était un sorcier:
"La
couleur nous indique qu'il en est encore à ses débuts. Nous
n'enregistrons pas
toutes les couleurs, en particulier le blanc, le rouge et le jaune.
Nous
utilisons à la place leurs dérivés. Tu vois cet homme qui a un anneau
bleuâtre
sur la bouche? C'est un voleur, doublé d'un menteur, dont la couleur
est le
bleu sombre. Un féticheur est identifié par un triangle isocèle
renversé. Un
impudique porte un cercle rose autour de la poitrine." L'ivresse,
quelque
soit le produit qui l'avait provoquée, bière, alcool, chanvre ou
drogue, était
caractérisée par la même couleur. A mesure que les images défilaient
sur
l'écran, je remarquai que mon interlocuteur en laissait passer
certaines sans
donner aucune explication. La particularité de ces gens était qu'ils
étaient
tous sans dessin ni figure géométrique de couleur variée. Plus tard, je
compris
que ces personnes entourées de feu étaient des chrétiens régénérés. Le
diable
ne pouvait rien faire contre eux directement. La séance de cours
terminée, mon
instructeur me remit aux bons soins de celui qui m'avait amenée chez
lui. Quand
il me vit, ce dernier insista beaucoup pour que je sacrifie mon père.
Je
lui exprimai
mon désaccord en restant de marbre! Ceci
énerva mon interlocuteur. Il se fâcha, et donna l'ordre qu'on me
persuade
d'accepter. Deux autres personnes me conduisirent dans un endroit très
différent des précédents. Ils me dirent: "Le grand prince éprouve pour
toi
une grande estime. Il ne veut pas te contraindre à accepter de le
servir.
Compte tenu des qualités qui sont en toi, il désire que tu acceptes de
le
servir de ton propre gré. Fais preuve d'intelligence, et profite de
l'occasion
qui t'est offerte maintenant. N'oublie pas que même si tu persistes à
refuser,
il t'est impossible de nous fausser compagnie maintenant que tu as pris
connaissance des éléments de base de notre organisation. Tu es des
nôtres!" "Que mon Père meure de sa mort naturelle, car je ne le tuerai
pas. Quant à moi et à ce qui pourrait m'arriver, je m'en moque
éperdument!" "Si nous avions voulu te tuer, nous l'aurions fait. Tu
serais morte le jour où les deux esprits qui te servaient en ont eu
assez et
ont réclamé leur liberté. Tu serais morte aussi le jour où tu as décidé
de
quitter les cimetières! Le grand prince estime que tu lui seras utile
vivante
que morte."
L'homme
se
retourna pour me montrer deux hommes blancs.
Il me demanda si je les connaissais. Comme je ne répondais pas, il me
dit que
c'étaient ceux-là qui m'avaient servie depuis l'âge de huit ans. "Ils
t'ont suivie partout où tu es allée. Actuellement, il y en a
cinquante-deux
comme eux qui sont à ton service. Voici enfin venu le temps où tu peux
les voir
et les admirer! Trop longtemps, tu n'as entendu que leurs voix!" Je vis
alors les cinquante-deux personnages. Chacun surgit en répondant
"Présent!" à l'appel qui fut fait devant moi. "Si tu donnes ton
consentement, tu seras princesse, et des milliers te serviront!"
Accompagnée
de
tous mes suiveurs, je fus reconduite à mon
premier interlocuteur. Comme s'il avait assisté à notre conversation,
il me
dit: "Tu as de la chance d'être encore vivante après un tel affront! Je
ne
vois pas ce que le grand prince trouve de spécial en toi! Tu
retourneras donc
chez toi. Cependant, nous ferons en sorte que tu respectes nos
exigences."
Sans plus mot dire, il me raccompagna à l'endroit par où j'étais entrée
chez
eux, dans le monde spirituel sous-marin. Au moment où nous atteignîmes
notre
objectif, on m'interpella et on me remit un objet de forme arrondie,
transparent, qui mesurait environ 16 centimètres de diamètre.
Je
demandai ce
que c'était et à quoi cela servait, mais
on me répondit de poser ces questions à celui qui m'avait amenée
là-bas. Je
pris l'objet, en espérant qu'il représentait la solution à mon
problème, et que
cela pourrait être un moyen de recouvrer la santé. Sous l'eau, mon
corps ne me
faisait pas mal, mais toutes les déformations provoquées par la maladie
étaient
toujours visibles. Rien n'avait encore été fait pour ma guérison. Dans
"l'engin" qui me remontait, j'éprouvai à nouveau les mêmes sensations
que pendant ma descente, mais dans un ordre inverse. Une fois à la
surface, mes
mains saisirent le bord de la pirogue, me permettant ainsi d'émerger de
l'eau.
Je respirai une bouffée d'air frais, ce qui me procura un bien-être
intense.
J'étais
revenue à
la réalité, à l'air libre! Le magicien
se tenait debout dans la pirogue. Il m'aida à m'installer à bord.
Tournant mon
regard de gauche à droite, je conclus que mon absence n'avait duré que
quelques
minutes. En dehors d'une personne assise sur la berge, rien n'avait
changé. À
mesure que la pirogue s'approchait de la berge, je réalisai que la
personne sur
la berge n'était autre que mon mari, Jean! C'était le dernier que je
m'attendais à trouver à cet endroit! Mais, au lieu de me frustrer, la
présence
de mon mari me revigora.
J'eus
du mal à
conserver mon calme! La solitude et les
derniers événements avaient suscité en moi le besoin d'être en présence
d'une
personne chère. Toute joyeuse, je courus me jeter dans ses bras.
M'appuyant sur
son épaule, je perdis courage et me mis à pleurer. Jean demeura de
marbre, sans
un mot. Il se tourna vers le magicien et dit: "S'agit-il d'une
revenante
ou de mon épouse?" "C'est bien ta femme! Il doit y avoir quelques
secrets entre vous, non? C'est le moment ou jamais de le savoir!" "Ce
n'est pas la peine, ma femme ne peut pas vivre sous l'eau! Qui peut
vivre sous
l'eau?" Comprenant l'enjeu, je me dis qu'il était grand temps que
j'intervienne. "C'est bien moi, Jean! Souviens-toi, le jour où nous
nous
sommes rencontrés, de la première parole que tu m'as dite!" Je lui
rappelai alors nos souvenirs communs. Ces paroles semblèrent apaiser
Jean. Mais
que s'était-il passé pour qu'il se trouve ici? Les incantations
n'avaient-elles
pas agi? Le magicien m'avait-il menti, ou avait-il pris peur après mon
plongeon, pour aller prévenir mon mari? Sur le chemin du retour, Jean
m'expliqua que le magicien était venu le trouver la veille, en lui
disant que
j'avais besoin de lui. Il poursuivit: "Je ne pouvais douter de ses
paroles, car tu ne m'avais rien dit de ta destination.
Je
l'ai suivi
sans hésitation, craignant qu'il ne te soit
arrivé quelque chose. Depuis que je me suis assis à la place où tu m'as
trouvé,
je n'ai fait que regarder l'endroit où il m'avait montré que tu étais
tombée." "Je t'expliquerai tout en détail." Je me rendis compte
que j'étais restée sous l'eau trois jours et deux nuits! Était-ce
possible?
Était-ce le magicien qui était allé trouver mon mari? Seul le maître
pouvait
répondre à toutes ces questions. Me souvenant enfin de la présence de
ce
dernier, je lui demandai à quoi pouvait servir l'objet en forme de
boule.
Voyant la boule, sans me répondre, le maître se prosterna à trois
reprises,
sans souci de la présence de mon mari. Il me dit: "Madame, grâce à
cette
boule magique, vous occupez à présent un rang sept fois supérieur au
mien. À
partir de maintenant, tous vos désirs seront des ordres. Je ne peux
plus rien
vous apprendre. À ces mots, je me sentis comme vidée. Tout espoir de
guérison
s'écroula comme un château de cartes. Irritée, je jetai la boule à
terre. Elle
se brisa en mille morceaux. Le maître était stupéfait. "Pourquoi,
madame,
avez-vous agi de la sorte?" Effrayé des conséquences que je pouvais
subir
pour avoir détruit la boule magique, le maître s'enfuit. Je ne l'ai
plus revu
depuis ce jour. Appuyée sur l'épaule de mon mari, je me mis à pleurer
sur mon
sort. Mon mari ne me posa aucune question. Il compatissait sincèrement
à ma
peine. Fatigués et chargés, nous nous acheminâmes vers notre domicile.
9-
Les méandres de la servitude
Une
fois à la
maison, la porte du salon s'ouvrit
d'elle-même, à notre grand étonnement. A peine entrés, une voix nous
souhaita
la bienvenue, dans notre propre maison, et nous pria d'entrer dans la
chambre à
coucher. Suivie de mon mari, nous sommes entrés, pour découvrir une
boule
magique identique à celle que je venais de casser. Une voix sortit de
la boule
magique et nous donna l'ordre de nous asseoir. Nous nous exécutions
déjà
lorsque la même voix ordonna que je reste seule, c'est-à-dire que mon
mari
sorte. Je m'opposai à cet ordre, mais Jean sortit de lui-même. Une
feuille de
papier sortit du sol. Il y était écrit quelque chose dont on me demanda
de
prendre connaissance.
Au
premier coup
d'œil, je remarquai qu'il s'agissait
d'une liste de cinquante-deux noms. Chaque fois que je citai un nom de
la
liste, une voix répondait "Présent!" à la manière des écoliers. Sur
un ton autoritaire, la voix poursuivit et me dit: "Puisque tu as cassé
la
première boule, celle-ci est incassable! Nos anciennes clauses sont
toujours en
vigueur. Pour t'aider à pactiser rapidement avec nous, la boule te
fournira de
l'argent, des bijoux, et des victuailles, comme des poules blanches et
noires.
Vous mangerez ces poules lorsque la faim se fera sentir dans le foyer.
Ou bien
tu pourras obtenir de l'argent, et faire le marché toi-même, ce qui
reviendra
au même..."
Malgré
cela, je
refusai d'obtenir de la nourriture ou de
l'argent par ce moyen. Les membres de ma famille étaient "aisés,"
pourtant ils commencèrent à m'éviter. Le diable faisait en sorte qu'il
n'y ait
aucune compassion chez ceux qui nous connaissaient. Si un parent riche
nous
rendait visite, il pouvait s'apitoyer sur notre sort ou même pleurer,
mais son
cœur restait froid, et il ne nous venait pas en aide matériellement.
Depuis
quelque temps déjà, les dettes de mon mari avaient sérieusement
augmenté.
C'était la souffrance, la disette et la misère au foyer. J'en étais
réduite à
quémander un peu de nourriture.
Ma
vie n'était
plus qu'un calvaire. Les jeûnes et les
privations m'avaient affaiblie encore davantage. Jean, qui depuis
longtemps
gardait le silence, commença à manifester certains signes de
mécontentement et
d'inquiétude. Un jour, il voulut que je lui explique d'où provenait cet
argent
qui se trouvait dans notre chambre et que nous ne pouvions utiliser. Il
ne
pouvait comprendre pourquoi nous éprouvions la famine, alors que nous
avions de
la nourriture dans la maison. Je lui répondais toujours qu'il devait
attendre
le moment opportun pour que je lui explique la situation.
Mais,
ce jour-là,
je résolus de lui dire la vérité. Je
lui expliquai que, lorsque j'étais sous l'eau, les démons avaient exigé
la mort
de mon père en échange de ma guérison. Il fallait que j'accepte de
prendre un
repas avec eux pour que mon père meure. Je lui dis que j'avais refusé
dans
l'espoir qu'ils ne s'en prendraient qu'à moi seule, et qu'ils
laisseraient les
miens tranquilles. Mais ils ne voulaient pas de ma vie. Pour me forcer
à
pactiser avec eux, ils nous avaient privé de tout, dans l'espoir de
nous forcer
à utiliser leurs produits. "Je t'en supplie, Jean, si tu tiens vraiment
à
ce que nous utilisions cet argent et cette nourriture, accepte de
signer
toi-même un pacte où tu donnerais en sacrifice les membres de ta propre
famille..." "Quel rapport y a-t-il entre cet argent et les membres de
ma famille? Que viennent-ils faire dans tout cela?" "Tu dois
comprendre que cet argent n'est pas venu tout seul. Ce sont des esprits
qui
nous l'ont apporté... Ainsi, tu es au courant de tout. Accepte de
signer, mais
en sachant que c'est ton père qui mourra le premier." Pour toute
réponse,
Jean demeura bouche bée pendant un moment relativement long, avant de
conclure:
"Je comprends."
9.1-
Les esprits se matérialisent
Pendant
tout le
temps où j'étais en contact avec les
démons, mon mari entendait bien leurs voix, mais sans les voir. Un
après-midi,
nous revenions d'une visite, en quête de quelques provisions pour la
maison. Je
me tenais au bord de la route pour souffler un peu, car j'étais
complètement
exténuée. Une voiture vint s'arrêter à environ dix mètres de l'endroit
où nous
nous trouvions. Le conducteur, un européen, vêtu d'un pantalon bleu
foncé et
d'une chemise bleue claire à manches courtes, portant de lunettes
noires, et
une cigarette à la bouche, me fit signe de m'approcher. À sa façon de
m'appeler, je l'identifiai comme l'un des esprits qui me suivaient.
Bien que
l'ayant reconnu, je fis semblant de n'avoir rien vu ni entendu. Lui, en
revanche, comme s'il voulait se faire remarquer, persistait à klaxonner
tout en
me faisant de gestes. Excédé par la jalousie, je pense, mon mari
ironisa et me
dit: "Tu ne vas tout de même pas le laisser klaxonner éternellement!
N'as-tu jamais le courage de dire à tes amants que tu es mariée, pour
qu'ils ne
t'appellent plus en ma présence?"
Prise
par un
sentiment de colère, puis de grande pitié
envers mon mari, je souris faiblement, malgré la présence de l'homme
blanc.
"Vous, les hommes ...! Crois-tu, Jean, que cet homme pourrait être mon
amant? Crois-tu que ce genre de type pourrait manquer de belles femmes
pour
accepter de me prendre comme maîtresse, dans mon état actuel?"
"Pourtant, il est là, et il t'attend!" "Il n'est pas mon amant
pour la simple raison qu'il n'est pas de ce monde. Ce type n'est pas un
être
humain!" "Comment, ce n'est pas un être humain ...? Est-ce que les
européens ne sont pas des hommes?" "Si tu ne crois pas ce que je dis,
approche-toi de lui et tu seras fixé." Pour une fois, Jean se conduisit
en
homme. D'un air téméraire, il s'avança vers le véhicule. À son
approche,
lorsqu'il fut à environ deux mètres, le conducteur démarra en trombe.
Après
avoir parcouru moins de cinq mètres, la voiture disparut, au grand
étonnement
de mon mari. Il demeura planté là, ne sachant à quel saint se vouer. Je
lus sur
le visage de mon mari un découragement total, un désespoir infini, il
bégaya:
Ainsi, les voix que nous entendons proviennent donc de ces blancs..."
Bien
que
partageant le même lit, il y avait très
longtemps que nous n'avions plus de rapports sexuels, mon mari et moi.
Une
nuit, Jean voulut réclamer son droit sur mon corps. C'est alors que des
coups
fusèrent de partout, coups qui lui furent administrés par des
adversaires
invisibles. Il reçut l'ordre de ne plus mettre les pieds dans la
chambre à
coucher, de peur de subir de graves sanctions. Malgré ces injonctions,
Jean
préféra braver la mort, plutôt que de m'abandonner. Mais, chaque fois
qu'il
tentait de franchir la porte de la chambre à coucher, il était
violemment
agressé. On lui assénait de méchants coups de poing. J'avais pitié de
mon mari,
mais je ne pouvais rien faire pour lui venir en aide. En revanche, il
ne
s'avoua pas vaincu pour autant. Poussé par l'amour de sa Françoise, il
fit ce
qui lui semblait bon, dans le but de me secourir. Sans me prévenir de
son
projet, il alla trouver les prêtres catholiques et les invita à venir
exorciser
la maison. En effet, ce n'était un secret pour personne qu'il y avait
des
bruits dans la maison, même en l'absence d'occupants. Les voix de
plusieurs
personnes étaient parfois audibles, même par les voisins.
Deux
jours plus
tard, un prêtre se présenta avec deux
acolytes munis des instruments nécessaires à l'exercice de leur
mission,
c'est-à-dire exorciser la maison et ses occupants. La célébration de
l'eucharistie devait intervenir en dernier lieu, en signe d'action de
grâces en
ma faveur. Outre le prêtre et les deux servants, assistaient à cette
cérémonie
mon mari et nos quatre enfants ainsi que moi-même. La messe commença à
dix
heures quarante. Tout alla pour le mieux, jusqu'au moment où nous
remarquâmes
de la confusion chez le prêtre. Il avait encore les bras levés, tenant
dans ses
mains le calice contenant le vin transformé en "sang de christ,"
lorsqu'un vent venu d'on ne sait où commença à souffler violemment
balayant
tout sur son passage.
La
puissance de
ce vent arracha le calice des mains du
prêtre, et fit tomber tous les objets qui se trouvaient sur l'autel
improvisé.
Nous fûmes tous contraints de rester accroupis, pour ne pas être battus
par des
êtres invisibles. Malgré notre position d'humilité, la situation devint
de plus
en plus intenable. Nous ne trouvâmes un peu de répit que dans la fuite,
le
prêtre en tête, avec ses acolytes, suivis des enfants et de leur papa.
Tout le
monde ne trouva son salut que dans une débandade digne des temps
apocalyptiques.
Le
prêtre se
retrouva dehors avec ses habits tout
déchirés. Quant à moi, j'étais restée assise à la même place. Tandis
que
l'ouragan battait son plein, quelqu'un me chuchota à l'oreille: "Reste
calme, tu n'es pas concernée!" Après la fuite du prêtre, quelqu'un vint
me
dire: "Tu as de la chance que nous ne t'ayons pas informé des
conséquences
entraînées par la venue de ces personnes ici. Sache que le jour où ils
remettront les pieds chez toi, nous t'infligerons une punition que tu
ne
risqueras pas d'oublier toute ta vie durant!" Je fis part à mon mari de
la
mise en garde des démons. Nous ne nous attendions pas à ce que les
prêtres
puissent encore venir chez nous, compte tenu du mauvais traitement
qu'ils
avaient subi de la part des démons, lors de leurs précédentes visites.
Mon
mari et moi
avions pensé qu'il était inutile de leur
demander de ne plus revenir. Cependant, le prêtre qui avait été chassé
ne
s'avoua pas vaincu pour autant. Loin d'abandonner, il alla trouver un
collègue
plus expérimenté que lui. Il ne voulait pas laisser ternir l'image de
sa
congrégation. Environ une semaine plus tard, à notre grand étonnement,
nous
vîmes venir un prêtre plus âgé que le précédent. Il nous dit qu'il
venait
exorciser la maison. Nous ne pûmes l'en empêcher, pour plusieurs
raisons.
Personne
chez
nous ne lui avait demandé de venir. Compte
tenu de l'âge avancé de ce prêtre, nous nous sommes dit qu'il devait
avoir plus
d'expérience. Enfin, il nous restait encore un léger espoir. Ce fut à
peu près
le même scénario que la fois précédente. Lors de la consécration, juste
au
moment où le prêtre prononçait ces paroles: "Faites ceci en
mémoire..." on entendit un grand bruit. C'était le retentissement d'une
gifle magistrale sur la joue droite du prêtre. Ce dernier chancela et
tituba,
mais encaissa le coup. Il parvint à conserver son équilibre et, à ne
pas
tomber. On aurait dit une colonne qui vacillait, prête à tomber. Il se
mit à
prononcer des paroles dans une langue incompréhensible.
En
guise de
réponse à ce que je pensais être une prière,
un vent encore plus violent que la fois précédente se mit à souffler et
emporta
tout. Le vieux prêtre s'enfuit sans autre forme de procès. Ces deux
échecs
consécutifs me firent penser que ces prêtres, ou tout au moins les
membres de
cette congrégation, étaient incapables de chasser les mauvais esprits.
Ils
n'étaient manifestement pas habilités à s'octroyer cette prérogative de
l'exorcisme.
À quelques nuances près, ces échecs ressemblent à ce qui est écrit dans
le
livre des Actes des Apôtres, chapitre 19, versets 13 à 17.
Nous
restâmes
impuissants, frustrés et résignés à notre
sort, nous attendant à recevoir la punition promise par les démons, le
châtiment qui devait s'abattre sur nous. J'étais lasse d'attendre une
guérison
utopique qui ne venait jamais. Je me disais que la meilleure solution
était
encore la mort. Je voulais mourir seule, pour que mon mari et mes
enfants
soient épargnés. Mais nous ne pouvions que supposer la nature du
châtiment,
puisque les démons ne nous avaient pas encore contactés. Une voix de
quelqu'un
qui se tenait auprès de moi me dit, comme s'il ne voulait pas trop nous
laisser
languir: "Un homme averti en vaut plusieurs... Demain, à midi, tu
prendras
connaissance de la sanction..." J'informai à nouveau mon mari de la
menace
des démons. Il perdit son calme et se mit à pleurer. Pour le consoler,
je lui
dis de ne pas trop s'inquiéter sur son sort. C'est à moi qu'ils en
voulaient,
et non à ma famille. Je lui rappelai qu'ils n'avaient rien pu faire
contre mon
père, car je n'avais pas cédé à leur chantage. Ces paroles rendirent
courage à
mon mari, qui ne dit plus rien. Le lendemain, après le déjeuner, Jean
voulut
emmener notre plus jeune fils chez le coiffeur.
Il
alla dans la
chambre des enfants, où il croyait les
trouver en train de jouer après le déjeuner, mais il ne trouva
personne. Il se
rendit à la cuisine, où ils avaient pris leur repas. Avant de pousser
la porte,
il eut le pressentiment qu'un grand malheur venait de s'abattre sur sa
vie. La
première chose qui le frappa fut le silence des lieux. Tout était
parfaitement
calme! Poussant la porte, il découvrit une scène macabre: Cinq corps
étaient étendus
pêle-mêle à terre, les cinq cadavres de nos enfants et de notre
domestique.
Chaque corps gisait à côté de son assiette. Le repas était à moitié
entamé...
Aucun doute n'était possible. Il n'était pas même besoin de faire une
autopsie.
Tout indiquait une mort par empoisonnement. Mais qui avait pu
empoisonner les
aliments des enfants, puisque même le domestique était mort? Quand
avait été
déposé le poison, puisque ces mêmes aliments nous avaient aussi été
servis?
Alors, les paroles prononcées la veille par le démon me revinrent à
l'esprit,
et je perdis connaissance. Il était midi lorsque j'appris la mort de
mes
enfants.
Ils
avaient tenu
parole! C'était une punition dont je
devais me souvenir toute ma vie. Qui peut donc oublier la perte de ses
quatre
enfants en un seul jour? Mes enfants, mes très chers enfants, supprimés
en un
seul jour de la face de la terre! J'étais touchée dans ce que j'avais
le plus
cher au monde... Je me laissai aller au désespoir. Je ne pouvais
imaginer
jusqu'où pouvaient aller les représailles des assassins de mes enfants.
J'étais
plus morte que vivante. Après ce deuil, les parents de Jean
s'accordèrent pour
me séparer de leur fils. Ce fut pour moi un grand choc de perdre, en
moins d'un
an, ceux qui m'étaient les plus chers au monde! Mon mari n'obéit pas
sur le
champ aux ordres de ses parents, mais il finit par céder. Les
tracasseries
causées par les démons, et autres difficultés, finirent par avoir
raison du peu
de résistance qui lui restait. Une nuit, Jean partit pour ne plus
revenir. Plus
tard, il se remaria, mais je savais qu'il continuait à m'aimer. Il se
mit à
boire et à fumer à l'excès. Trois ans après sa séparation forcée, il
succomba à
une maladie des poumons. Bien que n'ayant pas encore, à cette époque,
reçu le
salut de Dieu, je lui avais pardonné. Je savais que ce n'était pas la
faute de
Jean s'il avait fui les harcèlements des démons. Je ne lui en voulais
en rien.
À
présent que
j'étais abandonnée à moi-même, les démons
purent trouver en moi un terrain d'action propice. Sachant que je
n'avais
maintenant plus grand-chose à perdre, les démons changèrent de tactique
envers
moi. Ils devinrent courtois dans leur manière de communiquer avec moi,
parfois
même gentils. Ils m'utilisèrent de plus en plus pendant cette période.
Je
devins leur femme. Les
mauvais esprits ne peuvent pas se reproduire entre eux. C'est ainsi
qu'ils font toujours appel à des êtres humains pour se reproduire,
et
pour mener à bien la grande campagne de séduction de l'humanité
organisée par
satan. L'union entre
un être humain et un mauvais esprit donne naissance à un
monstre mi-homme mi animal. Ces esprits ne peuvent périr que carbonisé,
par
l'invocation du feu du ciel sur eux. Cependant, les
anges déchus ne
périssent pas de cette manière. S'ils ont élu domicile dans un corps
humain,
ils peuvent être chassés ou délogés par le Saint-Esprit, lorsque nous
invoquons
le Nom de Jésus-Christ. Matthieu 12:28.
Restée
seule à la
maison, je devins l'épouse de plusieurs
démons. Deux à trois fois par semaine, je mettais au monde ces enfants
monstrueux. Je les nourrissais au sein deux à trois jours, et cela leur
suffisait. Puis je m'occupais des autres. Je vous raconte ce que j'ai
vécu,
afin d'exposer ces choses au grand jour, pour la gloire de mon Sauveur!
Jésus-Christ est venu pour détruire les œuvres du diable. Or, la plus
grande
œuvre de satan est de nous maintenir loin de Dieu, de nous empêcher de
connaître Dieu et Son Fils Jésus-Christ. ... Si un être humain était
entré par
hasard dans la pièce où je me trouvais, il n'aurait pu voir personne
d'autre
que moi, alors que des légions de démons s'affairaient autour de moi!
Tout ce
qu'un visiteur aurait pu voir, c'était que j'avais les seins gonflés
comme ceux
d'une femme qui allaite. Je ne me lavais pas, on me lavait. Je ne
faisais ni la
cuisine ni le marché, on les faisait pour moi. Je ne savais pas d'où
provenaient les aliments. Pouvez-vous imaginer une femme dont les
cheveux se
tresseraient d'eux-mêmes, ou qui mangerait des aliments invisibles?
C'était
pourtant mon cas. Oh, mon Dieu, que ma bouche ne cesse de louer Ta
grandeur, Ta
force, et Ta Toute-puissance, dans les siècles des siècles, amen!
Bien-aimés,
vous
devez savoir que les satanistes et ceux
qui pratiquent certaines sciences occultes utilisent un vocabulaire
différent
du nôtre. Ainsi, par exemple, les bars, les night-clubs, les dancings,
les
hôtels, etc. sont leurs "magasins". ... Je vois mal certaines personnes
qui se disent "chrétiennes" tenir ou détenir des débits de boissons,
des hôtels, des night-clubs, etc. C'est insensé!
... Si Dieu nous
permettait de voir ce qui se passe dans notre univers, je ne suis pas
certaine
qu'il y aurait beaucoup de personnes courageuses pour aller se promener
en
plein jour dans certains endroits! Il se passe beaucoup de choses que
Dieu,
dans Son amour ne veut pas que nous puissions voir. Imaginez un énorme crapaud en
train d'uriner dans le verre d'un consommateur dans un bar, alors que
celui-ci
croit qu'on est en train de lui verser à boire! Le
consommateur ne voit
rien de ce qui se passe dans l'invisible. Comment réagirions-nous si
nous
voyions voler dans le ciel d'énormes orangs-outangs en plein jour? Tout
le monde
fuirait! Ces choses se passent réellement. Louons le Seigneur d'avoir
caché ces
choses à nos yeux!
Pendant
toute
cette époque, aucun membre de ma famille
n'était venu me voir, bien que sachant tout ce qui m'était arrivé.
Mais, un
jour, mon père vint me rendre visite. Je ne sais si quelqu'un était
allé le
prévenir. Il arriva, une Bible à la main. Lorsqu'il fut sur le seuil de
la
maison, une voix lui donna l'ordre de sortir. Comme il essayait,
perplexe, de
comprendre d'où provenait cette voix, il reçut un coup sur la tête et
tomba.
Mon cœur me fit très mal lorsque je vis mon cher papa se relever avec
peine
tout en me fixant d'un air étonné. J'étais assise dans un fauteuil et
je me mis
à pleurer. Dès le moment où j'avais aperçu mon père dans l'embrasure de
la
porte, j'étais restée sans voix. Il m'était difficile d'émettre un son
quelconque. Je voulais crier pour le prévenir de ne pas s'approcher de
moi,
mais je restai muette. À nouveau, la voix d'un démon tonna en
s'adressant à mon
père: "Sors, c'est un ordre! Sors d'abord, jette ce que tu tiens à la
main, puis tu diras ce qui t'amène!" Mon père marcha à reculons jusqu'à
la
porte. Une fois dehors, il tourna la tête dans ma direction, puis
regarda sa
Bible. Puis il se décida. Il ne jeta pas la Bible, mais la déposa à
terre. Il
s'avança pour entrer, mais on lui ordonna de s'avancer à genoux. Je vis
une
larme couler sur une joue de mon papa!
Il
s'agenouilla
et commença à ramper vers moi. Arrivé
tout près de moi, il tendit les mains pour m'embrasser. C'est alors que
je fus
soulevée de terre. "Ne la touche pas!" Tonna une voix. Mon père était
pasteur d'une grande église Luthérienne. En le voyant venir, j'avais eu
un
regain d'espoir, car il devait occuper la position privilégiée de
quelqu'un qui
connaît la volonté de Dieu. Puisque les prêtres avaient échoué, les
pasteurs ne
pouvaient que réussir! En l'occurrence, mon père ne pouvait que mieux
faire!
Mais, à le voir à genoux, ramper comme un ver de terre, obéissant aux
ordres de
ceux qui avaient demandé sa mort pour que je guérisse, je perdis tout
espoir de
guérir un jour. Toujours accroupi, au lieu de prier Dieu et d'invoquer
le Nom
du Seigneur Jésus-Christ et la présence du Saint-Esprit, mon père se
mit à
invoquer les esprits de ses ancêtres, en les citant chacun par leur
nom. Cette
prière occulte apaisa ou sembla apaiser les démons. Mon fauteuil
regagna le
sol.
Voyant
cela, mon
père poussa la hardiesse jusqu'à exiger
que les esprits de ses ancêtres païens m'amènent avec lui. Les démons
lui
répondirent que cela était impossible. - Elle mourra en cours de route!
Nous la
tuerons! Elle ne vivra pas! A la longue, mon père eut le dessus et
parvint à
m'amener. Si les mauvais esprits qui me retenaient captive cédèrent aux
demandes de mon père, c'est que les esprits qu'il avait invoqués
étaient d'un
rang supérieur au leur. Ils avaient plus de droits sur moi, du fait des
liens
de sang et des liens familiaux. Mon père avait poursuivi son monologue
jusqu'au
soir, et les démons avaient relâché leur emprise sur moi, au point que
je
pouvais me déplacer aisément. Après m'avoir emmenée chez lui, mon père
convoqua
le soir même les membres de la famille, pour statuer sur ma situation.
Ils
résolurent tous de me conduire chez le plus grand féticheur qu'ils
connaissaient,
non loin de mon village natal.
9.7-
Chez le féticheur de Kandelungu
Dans
notre
société, la femme occupe la seconde position.
Ainsi trouve-t-on une longue liste d'interdits pour les femmes.
Certaines
personnes vont jusqu'à ne pas admettre des femmes dans les pratiques
traditionnelles. C'était le cas du féticheur que mon père avait
contacté pour
faire exorciser sa fille bien-aimée. Dans un premier temps, et pour
faire
monter les enchères, le féticheur refusa net de s'occuper de mon cas,
simplement parce que j'étais une femme. Il n'avait jamais traité de
femme. Il
dit: "Nous amener ici une femme est pour nous une insulte!" Mais il
ajouta: "Cependant, compte tenu de votre notoriété de pasteur, je veux
bien vous rendre ce petit service, pourvu que vous ayez les moyens
d'apaiser
les esprits irrités par cet affront. En plus de l'argent, tu devras
m'amener
douze chèvres." La proximité de notre village natal fit que la collecte
des chèvres s'effectua sans grand problème. Une somme importante
d'argent fut
aussi remise au féticheur, en plus des chèvres. Je fus accompagnée par
mon père
et par ma petite sœur, et aussi par d'innombrables démons, qui me
sommaient de
rebrousser chemin et de fuir. Nous allâmes chez le féticheur vers le
soir.
Le
lendemain
matin, on me donna un breuvage dans un
bocal. Il s'agissait d'une drogue, car après l'avoir consommée, tout
mon corps
s'affaiblit et je perdis connaissance, je fus déposée inconsciente dans
un trou
d'un mètre cinquante de profondeur, d'un mètre quatre-vingt de long, et
de
cinquante centimètres de large. Le trou fut recouvert de troncs
d'arbres, de
branches et de feuillages, puis de terre au-dessus. Un grand feu fut
allumé sur
ce trou rebouché, alors que je me trouvais à l'intérieur. Un groupe de
danseurs
se tenaient tout autour du feu. Entraînés par des tamtams, les danseurs
se
lancèrent dans une danse rituelle au rythme endiablé. À ce moment-là,
le maître
des lieux, le féticheur, entra en scène. Il sortit de son
"laboratoire" (case construite un peu à l'écart des autres, qui
abritait ses fétiches ainsi que d'autres objets nécessaires à
l'exercice de ses
fonctions), paré d'une tenue de cérémonie aux couleurs chatoyantes, et
tenant
une lance dans sa main droite.
Il
fit son
apparition en dansant, et s'approcha du trou
recouvert dans lequel je me trouvais, inconsciente. Après avoir
effectué
quelques pas de la danse rituelle autour du feu, il enfonça sa lance
dans le
feu. Un cri jaillit du feu: "Hé!" Lorsqu'il ressortit sa lance du
feu, elle était toute trempée de sang. Le féticheur s'écria: "Un de
moins!" Et il se remit à danser. Il enfonça une seconde fois sa lance
dans
le feu. Un second cri jaillit du feu: "Hé!" Il retira à nouveau sa
lance maculée de sang. Tout heureux de constater l'efficacité de son
art, il
s'écria: "Deux de moins!" Puis il lança en direction de mon père:
"Nous les aurons tous, les persécuteurs de ta fille! Leur sang sur ma
lance est un bon signe!" Le vieux se remit à danser. Lorsqu'il voulut
enfoncer sa lance pour la troisième fois dans le feu, un cri jaillit à
nouveau,
non pas dans le feu cette fois, mais dans l'assistance, parmi les
badauds
accourus pour la circonstance: "Oh feu! Oh feu! La case brûle!"
Convergeant leurs regards dans la direction indiquée par le badaud, les
assistants virent en effet que la petite case d'où était sorti le vieux
tout à
l'heure était en feu. Les flammes tendaient à s'étendre vers les autres
habitations.
Avec
une rapidité
étonnante pour son âge, le féticheur se
dirigea vers les flammes. Il manqua de peu de se brûler, mais il fut
retenu. Il
ne parvint pas à récupérer quoi que ce soit de sa case en flammes.
L'incendie
fut tout de même maîtrisé, malgré la perte du "laboratoire" et de
tout son contenu. Les autres habitations furent épargnées. Questionné
pour
savoir qui avait mis le feu au laboratoire, le vieux, tout en colère,
expliqua
que ce n'était pas un homme qui avait mis le feu à sa case, mais les
esprits,
qui s'étaient révoltés parce qu'il avait accepté de traiter une femme!
- Sortez
votre fille d'ici et allez-vous-en! Vous m'avez tué! Je suis mort! Je
ne veux
plus vous voir! Allez-vous-en!
Encore
inconsciente, je fus sortie du trou et on
m'emporta. Bien que n'ayant pas honoré son contrat, le féticheur ne
restitua
rien à mon père, ni une chèvre, ni un seul centime! Le fait que mon
père ait
été renvoyé n'était pas pour me rendre l'espoir. Les démons se
moquaient de moi
et riaient. Elles ne cessaient de me dire que c'était eux qui avaient
eu le
dernier mot. Pour eux, si je voulais parvenir au salut, il fallait que
je me
décide à tuer mon père. Après ce dernier échec, je sus qu'il ne me
restait plus
qu'une chose à faire: me suicider! Je me disais: "Puisqu'ils n'ont pas
le
courage de me tuer, je le ferai à leur place. Mon père sera alors
épargné. Ce
n'était pas du stoïcisme de ma part, mais plutôt de l'amour paternel.
Puisque
j'avais tout perdu, autant préserver celui qui m'avait engendré.
9.8-
En route pour la Tanzanie
Je
réfléchissais
à la manière de réaliser mon plan
diabolique, mais le Seigneur avait pour moi un autre destin. Le jour où
j'avais
décidé de m'empoisonner, mon père vint me dire qu'il envisageait de
m'emmener
le plus vite possible en Tanzanie. D'après un communiqué de la radio
tanzanienne, il y avait un grand réveil spirituel dans ce pays. Le
Seigneur y
opérait des miracles comme aux temps bibliques. Les sourds entendaient,
les
aveugles recouvraient la vue, les paralytiques marchaient, et ceux qui
étaient
possédés par des esprits impurs étaient délivrés par la Parole de Dieu.
Mon
père me dit: "J'ai résolu de t'emmener là-bas dans une semaine, ma
fille.
Nous allons mettre cette semaine à profit pour nous préparer. Deux
jours avant
notre départ, un parent amena une femme auprès de mon père, et lui
demanda de
raconter son histoire. Elle le fit sans se faire prier.
-
Papa pasteur,
je ne sais si vous me reconnaissez? Je
suis celle qui était folle, et qui se promenait à moitié nue dans ce
village.
(Depuis notre visite chez le féticheur, nous n'étions pas retournés à
Lubumbashi. Nous nous étions retirés dans notre village natal.) Il y a
moins
d'une semaine, une nièce mariée à Kasongo (chef-lieu de Zone situé à 90
km de
Shabunda, notre village) est venue me chercher pour m'y amener. Le
pasteur de
l'Assemblée de Dieu de Kasongo avait invité un couple d'évangélistes
venus de
Kinshasa. Ce couple prie Dieu d'une façon originale. Par exemple, ils
chassent
les démons au Nom de Jésus. Plusieurs démoniaques comme moi ont été
délivrés
grâce à la prière de ce couple. Lorsque ce cousin (elle désigna la
personne qui
l'avait amenée) m'informa de votre intention de vous rendre en
Tanzanie, je
n'ai pas hésité un seul instant à venir vous voir pour vous dire
d'aller plutôt
à Kasongo. Si vous consentez à y aller, je suis prête à vous
accompagner. Je
suis certaine que le Dieu de ce couple délivrera votre fille comme Il
l'a fait
pour moi.
Les
démons ne
tenaient pas que je me rende à Kasongo. Ils
me dirent qu'ils feraient tout ce qu'ils pourraient pour m'empêcher d'y
aller.
C'est ainsi qu'ils me paralysèrent les deux jambes, m'empêchant de me
tenir
debout. La sœur me porta sur son dos, et nous pûmes continuer notre
chemin vers
Kasongo. Nous étions un groupe de six personnes: Mon père, mon cousin,
deux
cousines, la femme qui nous avait annoncé cette nouvelle, et moi. Chez
moi, les
voyages se font à pied. Non pas que nous manquions d'infrastructures
routières,
mais nous ne pouvions pas nous permettre d'attendre une voiture, compte
tenu de
la rareté des véhicules dans cette partie du pays. Poursuivant notre
pénible
marche, nous nous arrêtâmes pour nous reposer dans un village, après
avoir
marché pendant au moins vingt kilomètres. Nous avons croisé une femme
qui
venait justement de Kasongo. Elle portait un enfant sur le dos et
glorifiait le
Seigneur en chantant des cantiques de louange. Mon père, qui voulait
savoir la
raison de son excitation, l'interpella.
La
femme nous dit
ceci: Ma fille que voici était sourde
depuis longtemps. Je viens de Kasongo, où un homme et une femme venus
de
Kinshasa ont prié Dieu pour que ma fille entende. Juste après leur
prière, j'ai
appelé mon enfant, et elle m'a répondu. Vous ne pouvez vous imaginer
quelle
joie est la mienne! J'ai voulu les remercier pour ce qu'ils avaient
fait, mais
ils m'ont répondu qu'ils n'étaient que de simples instruments utilisés
par
Dieu, et que c'était à Dieu que je devais rendre gloire. Depuis lors,
je ne
fais que Le remercier pour la guérison de ma fille. C'est pourquoi vous
me
voyez chanter, toute joyeuse. Les gens disent qu'ils comptent rentrer
bientôt.
Il semble qu'ils doivent encore rester une semaine. Je vais de ce pas
chercher
mon petit frère qui a perdu la vue dès son jeune âge. Ce serait pour
lui une
grande chose que de recouvrer la vue!
Pendant
tout le
temps que cette femme parlait, les voix
ne cessaient de me répéter qu'elle mentait: "Elle ment, elle ment! Ne
l'écoute pas! Retournons, n'y va pas!" Mon père me dit: - Françoise,
c'est
Dieu qui nous envoie ces gens pour nous venir en aide. Prends courage
et
dépêchons nous, sinon, si nous traînons, nous risquons de les manquer!
À cet
instant précis les démons clouèrent mon père au sol. Il eut une sorte
de crampe
subite qui le força à rester couché. Il était impossible d'avancer. La
paralysie qui m'avait empêchée de marcher avait été transmise à mon
père! Les
démons me dirent: "Puisque c'est lui qui tient à t'amener là-bas, nous
allons voir comment il va s'y prendre!" Je tombai en sanglotant dans
les
bras de mon père, toute abattue.
Il
m'encouragea à
poursuivre le voyage sans lui:
"Cette crise de rhumatisme ne pouvait choisir un aussi bon moment pour
me
terrasser! Avec un petit repos, un jour au plus, je serai rétabli. La
douleur
sera moins forte que maintenant. Puisque tu peux marcher maintenant,
prends
courage, ma fille, et va trouver ces gens dont nous a parlé cette femme
tout à
l'heure. Je vous rejoindrai dès que possible. Ne vous inquiétez pas
pour moi,
cela passera!" Puis, se tournant vers son neveu, il dit: "Prends soin
de ta sœur!"
Bien-aimés
du
Seigneur, c'est par la foi que j'ai fait
cette distance sans tenir compte de tout ce que me disaient mes
locataires. Je
marchais lentement en titubant. Tous les dix kilomètres, nous nous
reposions
pour souffler. La maladie m'avait fortement affaiblie. Les privations,
ajoutées
aux tracasseries des démons, m'avaient accompagnée sur ma longue route
vers la
guérison. Il ne me restait plus qu'une journée de marche environ,
lorsque les
démons m'ôtèrent l'usage de la parole, m'empêchant ainsi de communiquer
avec le
monde extérieur...
10-
Suite du témoignage relatée par Kapena Cibwabwa
Bien
qu'ayant à
plusieurs reprises entendu témoigner la
sœur Lutala, je ne pouvais tout de même pas mettre ce témoignage par
écrit sans
avoir interrogé des témoins oculaires, les acteurs mêmes que Dieu a
utilisés
pour sa délivrance: Le frère M'Pongo Moïse, et la sœur Philomène Kaseka.
Kapena
Cibwabwa (K.C.): Pasteur
M'Pongo, d'après la sœur Lutala, vous êtes
l'une des deux personnes dont le Seigneur s'est servi pour sa
délivrance.
Pouvez-vous nous relater comment Dieu vous a demandé d'accomplir cette
œuvre?
Pasteur
M'Pongo Moïse (M.M.): Merci, mon
bien-aimé frère Kapena, pour l'occasion que
vous me donnez de parler de cette œuvre grandiose, pour la première
fois après
tant d'années. C'est par prophétie que Dieu nous avait demandé
d'intervenir.
Vers le mois de mai 1983, je me trouvais à Masina, au quartier Sans
Fil, où je
dirigeais une église locale. Il m'arrivait souvent de me rendre au
quartier
chic de Righini dans la zone de Lemba, où habitait ma sœur en Christ
Philomène
Kaseka, pour aller lui rendre visite. Le 19 mai, après un long temps
d'absence,
je suis donc allé lui rendre visite chez elle. Elle m'accueillit par
ces
paroles: "Sois béni, mon frère, puisque tu viens de la part de Dieu. Il
y
a deux jours, le Seigneur m'a parlé dans une vision nocturne. Dans
cette
vision, j'ai vu la carte politique de mon pays, le Zaïre, suivie d'un
gros plan
sur la région de Kivu. Je remarquai qu'il y avait un gros serpent
enroulé
autour de l'une des sous régions, celle de Maniema. J'ai demandé au
Seigneur ce
que cela signifiait.
Le
Seigneur me
donna l'interprétation de la vision: Le
grand serpent que tu vois, c'est le diable. Il est en train de séduire
beaucoup
de monde dans cette partie du pays. Si je t'ai montré ces choses, c'est
que
j'ai une importante mission à te confier. Descends vite à cet endroit
pour
glorifier mon Nom!" Je répondis au Seigneur: "Mais je suis une femme!
Ta Parole m'interdit de prendre autorité sur un homme. (1Timothée
2:12). Il n'y
a pas que des femmes dans cette sous région!" Le Seigneur me dit: 'Tu
n'iras pas seule. Dans deux jours, je t'enverrai mon serviteur, M'Pongo
Moïse.
Ce sera un signe de ma part. Arrange-toi pour lui payer son billet de
transport." J'ai reçu ce message le 17 mai. Deux jours après, comme me
l'a
dit le Très-Haut, te voici, après avoir disparu pendant je ne sais
combien de temps!
Après
avoir
entendu la sœur Philomène, je lui demandai de
m'accorder un temps de prière. Non pas que je doute de ses paroles,
mais
simplement pour me mettre dans l'ambiance du Saint-Esprit. Je fis un
jeûne de
deux jours, au terme duquel Dieu confirma la prophétie en mettant en
moi une
forte conviction. La sœur Philomène était certaine de mon accord. Sans
me
consulter, elle avait déjà acheté deux billets d'avion Kinshasa-Kindu,
le 20
mai 1983. Deux jours après ma conversation avec elle, le 21 mai, je me
rendis
de grand matin à Righini. J'avais emporté tous mes effets de voyage. Ma
décision était de ne rentrer qu'une fois la prophétie accomplie. "Es-tu
prêt pour le voyage?" me dit-elle en m'accueillant à mon arrivée chez
elle. "Quel voyage? Je n'ai pas de billet de transport." "Tout
est réglé, par la grâce de Dieu. Nous avons les billets. Debout! En
route pour
l'aéroport!
K.C.:
Une fois à
Kindu, aviez-vous un point de chute pour débuter vos services?
M.M.:
A Kasongo vivait
un pasteur qui nous connaissait depuis le temps de notre groupe de
prière situé
sur la 9e rue à Kinshasa-Limete. Dieu sait arranger les choses, mon
frère. Ce
pasteur était le représentant légal de toutes les Assemblées de Dieu de
la
sous-région! Puisqu'il nous connaissait en notre qualité de serviteurs
de Dieu,
il ne s'opposa pas à notre demande de travailler au sein de l'église
qui lui
était confiée. ... Nous avons observé trois jours de jeûne et de
prière. Nous
avons commencé par faire des séminaires bibliques dans les églises
avant de
faire des croisades d'évangélisation. Dieu glorifia le Nom de Son Fils
au
travers de notre ministère là-bas. Il y eut beaucoup de miracles: Les
paralytiques marchèrent, les sourds entendirent, les aveugles
recouvrèrent la
vue, ceux qui étaient possédés par des esprits impurs furent délivrés.
C'est
surtout cette dernière catégorie qui était la plus nombreuse.
K.C.:
Si je comprends
bien, c'est durant cette période que vous avez fait connaissance de la
sœur
Lutala Françoise? Pourriez-vous éclairer les lecteurs sur les
circonstances
dans lesquelles vous l'avez connue, et donner sa description physique?
M.M.:
Bien, mon frère,
que Dieu vous bénisse pour la question! Parmi ceux que le Seigneur
avait
délivrés au travers de notre ministère, se trouvait une jeune femme de
Shabunda, qui est aussi la zone d'origine de la sœur Lutala. Cette sœur
avait
été délivrée d'un esprit impur qui la tourmentait depuis longtemps. Une
fois de
retour chez elle, elle informa les parents de Lutala de ce que le
Seigneur
avait fait dans sa vie. Elle ne manqua pas de leur dire que nous nous
trouvions
à Kasongo, à environ 90 kilomètres de là. Partant de sa propre
expérience, elle
parvint à convaincre les parents de Lutala de l'emmener, non en
Tanzanie, mais
là où nous nous trouvions, à Kasongo.
Un
dimanche soir,
le pasteur Sansaku, qui nous
accueillait, la sœur Philomène Kaseka, et moi-même, nous revenions de
Mitende,
localité située à 7km de Kasongo, où nous avions prêché la Parole de
Dieu dans
l'une des paroisses des Assemblées de Dieu. Après avoir parcouru cette
distance
à pied, à l'aller comme au retour, nous étions fort fatigués. Arrivés à
Kasongo, nous avons trouvé un groupe constitué d'un homme et de quatre
femmes.
L'une d'elle attira mon attention. Elle était très maigre. Elle avait
les
cheveux ébouriffés et sales. Ses yeux étaient enflés et son regard
était
hagard. Malgré sa maigreur, sa poitrine était très enflée, à la manière
d'une
femme qui allaite. Elle portait une robe très sale en lambeaux. Ses
jambes et
ses pieds étaient tellement enflés qu'il n'était pas besoin de faire
appel à un
médecin pour diagnostiquer un éléphantiasis. Elle avait tout d'une
folle.
J'appris plus tard que ce groupe venait de Shabunda. Je ne sais combien
de
temps ils avaient mis pour parcourir cette distance à pied. Nous étions
le
dimanche 10 juin 1983.
K.C.:
Jusque-là, vous
ne connaissiez pas le mobile de leur visite?
M.M.:
En voyant la
personne que je viens de décrire, je compris vite qu'elle avait besoin
d'une
prière de délivrance. Compte tenu de l'heure tardive et de la fatigue
qui
gagnait mon corps, je murmurai en moi-même: "Pourquoi ne pas attendre
demain pour la délivrance de cette femme?" C'est alors que le
Saint-Esprit
me dit clairement: "Pourquoi voulez-vous compromettre mon œuvre?"
Convaincu de l'appui du Seigneur, je demandai à ma compagne de voyage
d'entretenir la nouvelle venue sur la repentance et le pardon des
péchés, le
temps de me retirer pour demander non la volonté, mais la direction du
Seigneur.
En
effet, mon
jeune frère Kapena, le service de
délivrance nécessite beaucoup de prière (Marc 9:29). Je rejoignis la
sœur
Philomène, une fois ma prière terminée. A son tour, elle se retira pour
prier.
En attendant son retour pour commencer la prière de délivrance,
j'entrepris de
sonder la sœur Lutala. Je lui posai certaines questions en rapport avec
la
Parole de Dieu. Ses réponses démontraient une résistance farouche à la
Parole
de Dieu. Le Saint-Esprit m'interdit de continuer à lui poser des
questions.
J'avais vite compris que ce n'était pas elle qui répondait, mais les
mauvais
esprits en elle. Ne pouvant rien tirer d'elle, je me tournai alors vers
ceux
qui l'avaient emmenée. Je leur demandai de me parler un peu d'elle.
[...]
La
sœur Philomène
revint, et nous débutâmes ensemble la
prière de délivrance. ... Voyant l'état de possession avancé de Lutala,
j'avais
eu la présence d'esprit d'écarter la foule, de peur que les mauvais
esprits,
une fois chassés du corps de Lutala, n'entrent dans les nombreux païens
qui se
trouvaient dans la foule. Je parle bien des païens, puisque les
véritables
enfants de Dieu sont couverts par le sang de l'Agneau de Dieu. Comme la
foule
refusait de s'écarter, je restai calme, et j'eus alors l'idée d'emmener
Lutala
un peu plus à l'écart pour sa délivrance. ...
10.2-
Baptême d'eau par immersion
La
pensée de
devoir ainsi abandonner notre sœur nous
préoccupait. Nous ne voulions pas laisser une nouvelle convertie au
Seigneur
sans encadrement adéquat. Nous devions déjà partir trois jours plus
tard. Nous
décidâmes alors de baptiser Lutala. C'était sans compter sur sa
réaction. Le
lendemain matin, je l'exhortai sur la nécessité du baptême d'eau par
immersion.
Elle me posa une foule de questions, malgré tout ce que le Seigneur
venait de
faire dans sa vie, par l'intermédiaire de notre ministère, et pas plus
tard que
la veille. Elle refusa de se faire baptiser. Prétextant son ancienne
appartenance au couvent, elle me dit qu'il n'était pas question qu'elle
se
fasse rebaptiser. Je pris le temps de lui expliquer en quoi consistait
le
baptême chrétien. C'est l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu
(1Pierre 3:21). Ce n'est pas le baptême seul qui sauve. Le baptême est
un acte
public de foi dans le Seigneur. Il faut d'abord croire en Jésus-Christ.
Une
fois que l'on a cru, pourquoi passer par le baptême? Jésus dit, dans
Marc 16:16
"Celui qui croira et qui sera
baptisé sera sauvé." Cet ordre a été donné aux apôtres par
Jésus
Lui-même, dans Matthieu 28:19-20 "Allez,
faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du
Père, du
Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je
vous ai
prescrit."
J'avais
l'impression que mon interlocutrice ne comprenait
pas un mot de tout ce que je lui disais. Vers 10 heures, elle s'excusa,
pour
aller prendre un peu de repos dans sa chambre. J'acceptai sans peine,
tout en
intercédant pour que Dieu ait pitié d'elle, et lui fasse comprendre le
bien-fondé du baptême par immersion. Voici comment le Seigneur exauça
notre
prière. Vers 14h, Lutala vint elle-même nous trouver pour nous dire
qu'elle était
prête pour le baptême: "Je désire recevoir le plus tôt possible le
baptême
par immersion." Je voulus connaître la raison de cette volte-face aussi
rapide. "Oh, pasteur, Dieu m'a parlé!" "Dieu vous a parlé?
Comment avez-vous su que c'était Lui?"
"C'est
simple. À
10 heures, lorsque je me suis
retirée dans ma chambre pour me reposer, je me suis assoupie. Peu
après, je me
suis retrouvée en songe dans un endroit qui ressemblait à une salle de
classe.
Mais une salle de classe étrange, car il y avait un tableau noir sur
chaque
mur. Chaque tableau était couvert d'une seule inscription. Partout, je
pouvais
lire écrit: Actes 2:38, Actes 2:38, Actes 2:38... Je ne comprenais pas
ce que
ces écrits signifiaient. Je résolus de venir vous trouver pour que vous
m'en
donniez l'explication. C'est alors que je sentis les forces me manquer,
et je
m'endormis profondément. J'eus un autre rêve. Je vis, non plus une
salle de
classe, mais une grande rivière. Il y avait deux colonnes de gens
disposés en
file indienne. Chaque personne devait traverser la rivière en s'y
plongeant
complètement, pour pouvoir atteindre l'autre rive.
De
l'autre côté,
il y avait un homme qui tenait de
nombreux chapeaux de couleur blanche. Chacun de ceux qui avaient
traversé la
rivière, après s'y être plongé, recevait un chapeau de l'homme aux
chapeaux. A
l'intérieur de chaque chapeau était inscrit le nom de son destinataire.
Je me
suis alors approchée de la rivière, et voulus obtenir mon chapeau, mais
sans
traverser la rivière. Celui qui se tenait de l'autre côté me dit:
"Françoise, ici, de ce côté, ce n'est pas la même chose que là où tu te
trouves. J'ai ici ton chapeau, avec ton nom écrit dedans. Mais, pour le
recevoir, il faut que tu plonges dans la rivière comme tout le monde."
Je
revins en arrière, et pris ma place dans la file avec les autres. Quand
vint
mon tour de plonger pour aller récupérer mon chapeau, c'est alors que
je me
suis réveillée. Il n'était pas nécessaire d'être prophétesse pour
comprendre
que ce message m'était destiné. Pasteur, je tiens à recevoir mon
chapeau blanc.
Je désire donc ardemment être baptisée par immersion."
"Sœur
Françoise,
veux-tu me faire croire qu'après
tout ce temps passé au couvent, tu ne sais pas que ce passage biblique
se
trouve dans le livre des Actes des Apôtres, au second chapitre, et au
verset
38?" "Non, pasteur!" "Sœur Philomène, lis-nous Actes
2:38!" La sœur Philomène s'exécuta: "Pierre
leur dit: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de
Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du
Saint-Esprit." Vers 15 heures, nous allâmes à un ruisseau, il
était
situé à 5 kilomètres de notre agglomération. La Bible dit bien que "Jean baptisait à Enon, près de Salim,
car il y avait beaucoup d'eau" (Jean 3:23). Il n'était donc
pas question
pour nous de nous contenter d'asperger un peu d'eau sur la tête de
Lutala,
comme le font certaines églises, ou même de faire une ablution
semblable à ce
qui se pratique dans le judaïsme ou l'islam.
Il
y avait trop
peu d'eau dans le lit de ce ruisseau. Ma
sœur Philomène et moi, nous avons creusé à la main le lit du ruisseau,
afin
d'obtenir un creux suffisant pour immerger complètement la sœur Lutala,
conformément aux Saintes Ecritures. Puis, je l'ai baptisée après lui
avoir
demandé si elle voulait abandonner le diable et ses œuvres pour se
tourner vers
le Seigneur Jésus: "Acceptes-tu Jésus-Christ comme ton Seigneur et
Sauveur?" En me répondant "Oui," elle confirma ainsi que son
immersion dans l'eau était une représentation de sa mort en
Jésus-Christ. Elle
acceptait aussi le fait que Jésus-Christ était mort pour elle. Cela
signifiait
que Lutala était morte aux péchés, bien que vivant encore dans le
monde. La
sortie de l'eau représente la résurrection de Christ, la victoire sur
le péché
et sur la mort. Ceci préfigure aussi l'enlèvement de l'Église, lorsque
Christ
viendra prendre les siens pour les faire monter dans les nuées à Sa
rencontre!
Combien ces choses sont claires!
10.3-
Le Baptême du Saint-Esprit
De
retour à la
maison, nous avons prié Dieu pour que le
Seigneur baptise notre sœur dans Son Saint-Esprit, (Matthieu 3:11).
Après
l'imposition des mains, le Seigneur la baptisa instantanément dans Son
Saint-Esprit. Lutala se mit alors à prier dans une langue inconnue, à
notre
grande satisfaction, et à l'étonnement des profanes. Nous savions que
nous
devions laisser Françoise sous la protection du Saint-Esprit, mais cela
nous
chagrinait de l'abandonner ainsi sans encadrement. Nous la priâmes de
nous
rejoindre à Kinshasa dès la première occasion. Nous quittâmes Kasongo
le 13
Juin 1983, pour arriver à Kinshasa le 24. Deux jours après notre
arrivée, alors
que nous nous trouvions en pleine réunion de louange, nous entendîmes
frapper à
la grande porte. Je quittai la réunion pour aller voir ce qui se
passait, et je
vis la sœur Lutala dans l'embrasure de la porte! Nous nous embrassâmes
longuement, puis j'appelai la sœur Philomène Kaseka. Ce fut pour nous
une joie
immense, que nous partageâmes avec les frères et les sœurs qui étaient
en
prière avec nous.
K.C.:
Elle qui ne
connaissait pas la ville, comment a-t-elle pu atteindre aussi
facilement
Righini?
M.M.:
Ce fut un grand
miracle! Je peux sans hésiter vous répondre que ce fut l'Ange de
l'Eternel qui
la guida. Elle nous raconta comment elle arriva: "Une
fois les formalités de l'aéroport de N'Djili terminées,
j'entendis un chauffeur de taxi crier: 'Lemba, Lemba, Lemba!' Je
m'approchai de
lui et lui demandai s'il connaissait une Philomène Kaseka. L'homme me
répondit
qu'il la connaissait bien. Je répondis que je n'étais pas pressée,
puisque
j'étais arrivée à Kinshasa. Le conducteur me déposa la dernière, comme
il
l'avait dit, au quartier Righini, à Lemba. Lorsque je suis entrée, j'ai
rencontré le pasteur sur le pas de la porte!" Les embrassades
terminées, la sœur Philomène et moi sortîmes du jardin pour payer la
course,
récupérer les valises et remercier le conducteur. À part les valises de
la sœur
Françoise, nous ne trouvâmes plus personne. Il n'y avait même pas les
traces de
roues d'un véhicule! La voiture et son conducteur avaient disparu!
Calmement,
nous récupérâmes les valises dont aucune ne manquait. Quand nous fûmes
retournés dans la "chambre haute," l'intensité des louanges augmenta!
Tout
le monde se rendit compte que c'était Dieu qui avait disposé d'un ange
et de
son véhicule pour conduire la sœur à bon port! Le
lendemain, nous
rendîmes témoignage dans notre assemblée. Le 30 juin 1983, la sœur
Françoise
rendit son premier témoignage au Palais du Peuple à Kinshasa. [Fin
du Témoignage].
Que la grâce
soit
avec tous ceux qui aiment notre Seigneur
Jésus-Christ d'un amour inaltérable!
Chers frères et sœurs,
Si vous avez fui les fausses églises et voulez savoir ce que vous devez faire, voici les deux solutions qui s'offrent à vous:
1- Voyez si autour de vous il y a quelques autres enfants de Dieu qui craignent Dieu et désirent vivre selon la Saine Doctrine. Si vous en trouvez, sentez-vous libres de vous joindre à eux.
2- Si vous n'en trouvez pas et désirez nous rejoindre, nos portes vous sont ouvertes. La seule chose que nous vous demanderons de faire, c'est de lire d'abord tous les Enseignements que le Seigneur nous a donnés, et qui se trouvent sur notre site www.mcreveil.org, pour vous rassurer qu'ils sont conformes à la Bible. Si vous les trouvez conformes à la Bible, et êtes prêts à vous soumettre à Jésus-Christ, et à vivre selon les exigences de Sa parole, nous vous accueillerons avec joie.
Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous!
Source & Contact:
Site Internet: https://www.mcreveil.org
E-mail: mail@mcreveil.org